Envisagé par les États-Unis, le retrait partiel de soldats américains déployés en Allemagne n’est en fait qu’un cadeau empoisonné au mouvement antimilitariste allemand, a estimé au micro de Sputnik Kerstin Kaiser, responsable du bureau de la Fondation Rosa Luxemburg à Moscou.
«Les armes nucléaires US en Allemagne ne renforcent pas sa sécurité, bien au contraire»
«Cela ne répond aucunement aux intérêts du mouvement antimilitariste. Nous ne percevons aucun geste pacifique dans la proposition de Trump. Cela ressemble plutôt à une provocation militaire», a estimé la militante.
Et d’expliquer qu’il ne s’agissait pas là d’une diminution d’équipements militaires sur le sol allemand, ni du désarmement en général.
La militante de Die Linke («La Gauche») a rappelé qu’après la réunification de l’Allemagne, toute l’armée soviétique s’était retirée d’Allemagne, alors que les bases militaires américaines avec leurs armes nucléaires et leurs missiles de croisières demeurent dans l’ouest de l’Allemagne.
«Les armes nucléaires US en Allemagne ne renforcent pas sa sécurité, bien au contraire. […] Les militaires américains sont déployés dans plus de 150 pays du monde, ce qui constitue un facteur qui garantit la puissance du pouvoir des États-Unis à l’échelle mondiale. Aussi, n’est-il pas étonnant que les Républicains ne veulent pas renoncer à ce facteur de pouvoir en Allemagne», a poursuivi Mme Kaiser.
Débat sur la fameuse stratégie du «partage nucléaire»
«Avec ces 9.500 soldats américains qui devraient quitter l’Allemagne, Donald Trump doit aussi emporter les bombes atomiques stockées à la base aérienne de Büchel, dans l’ouest de l’Allemagne», a estimé la responsable.
Selon cette dernière, à l’heure actuelle, la situation politique est telle que l’arme nucléaire augmente le danger au lieu de renforcer la sécurité.
«Pour cette raison, le soi-disant "partage nucléaire" sur lequel insiste tant le gouvernement allemand représente un immense problème pour la sécurité du pays et de l’ensemble de la population allemande», a indiqué Mme. Kaiser.
Et de résumer qu’il ne s’agissait pas, somme toute, de retirer les troupes américaines d’Allemagne, mais plutôt de les déplacer plus loin à l’est, en Pologne, à proximité des frontières russes.