Les images ont choqué. Lors des différentes manifestations de soignants qui se sont déroulées partout en France, l’interpellation musclée d’une infirmière sur l’esplanade des Invalides à Paris, durant des heurts opposants policiers et black blocs, contraste avec l’ambiance pacifique du reste de cette journée de mobilisation.
Une femme en blouse blanche, tirée par les cheveux, durant une interpellation, finira évacuée le visage en sang durant la manifestation aux Invalides. Elle réclamera à plusieurs reprises sa Ventoline.
— Remy Buisine (@RemyBuisine) June 16, 2020
Images issue de mon direct sur @brutofficiel (1H45). #soignants pic.twitter.com/zdxIbTS4Mu
Réagissant à chaud sur cette intervention, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, explique au micro de Sputnik que «l’interpellation, visiblement, est très violente […] Je ne peux préjuger de la manière dont elle a été interpellée, mais de la raison pour laquelle elle a été interpellée. La vraie question, la vraie investigation, c’est de savoir pourquoi elle l’a été.»
Une intervention qui crée la polémique
Le syndicat des commissaires de police (SICP) a quant à lui posté sur son compte Twitter une vidéo donnant plus d’éléments de contexte afin de «rétablir la vérité». «La gentille infirmière, qui avait besoin de sa Ventoline, et qui est présentée comme une victime de la #Police! Elle jetait des projectiles, juste avant son interpellation! Alors on continue à parler de #PoliceViolence?», détaille-t-il.
Nous rétablissons la vérité par une vidéo de @BFMTV.
— Commissaires de police - SICP (@SICPCommissaire) June 16, 2020
La gentille infirmière, qui avait besoin de sa ventoline, et qui est présentée comme une victime de la #Police!
Elle jetait des projectiles, juste avant son interpellation!
Alors on continue à parler de #PoliceViolence ? pic.twitter.com/z3RoWp5Oak
Des justifications qui n’ont pas convaincu Éric Coquerel (LFI): «Quel que soit le contexte, rien ne mérite de recevoir des coups, se retrouver menottée et placée en garde à vue», a-t-il argué.
Des casseurs venus pour en découdre
Au-delà de cette polémique, Linda Kebbab s’insurge contre la présence des blacks blocs, «ces professionnels du chaos qui viennent même jusqu’à détériorer la manifestation des soignants. C’est honteux.»
«Dans les villes en France où il n’y a pas eu de black blocs, ça s’est excellemment bien passé. On voit des images où les soignants et les policiers s’applaudissent. Les policiers posent les casques, les soignants posent les blouses et ils travaillent main dans la main.»
🇫🇷 France : Manifestation des #soignants également cet après-midi à Lille. Des policiers applaudissent le cortège pic.twitter.com/SrKMmz3kSz
— Alexandre L_B (@alex_le_bars) June 16, 2020
En effet, comme le rappelle la syndicaliste, à Paris «les black bloc sont arrivés et ont saccagé une voiture d’une personne handicapée. Ils s’en sont pris à la fourgonnette d’un plombier, ils ont saccagé les abribus et attaqué les forces de l’ordre. En fait, ils ont fait tout ce qui est à l’inverse de la doctrine et de l’idéologie des soignants, à savoir réparer.»
«Les forces de l’ordre ont répliqué. Évidemment, la situation était catastrophique sur la fin du cortège. Le plus important, c’est de se rappeler des revendications des soignants […] Parce qu’elles rejoignent celles des forces de l’ordre en matière de service public et d’utilité à l’autre.»
Linda Kebbab regrette également le traitement médiatique de l’affaire. Selon elle, «la question que l’on devrait se poser c’est: pourquoi les soignants manifestent-ils? Comment un pays de l’OCDE se retrouve avec des personnes qui ont combattu la crise du Covid-19 et sont encore obligées de manifester pour obtenir des moyens? C’est juste honteux.»
Sentiment d’impunité chez les fauteurs de trouble
Autre point soulevé par la policière, la nécessité de mettre fin au sentiment d’impunité de ces mouvances violentes d’extrême gauche.
«Comment des black blocs peuvent arriver, prendre le métro, enfiler leur petit blouson noir, parfois une blouse blanche, parfois un Gilet jaune, en fonction du contexte, et s’attaquer aux forces de l’ordre et ensuite repartir ni vu ni connu?» déplore-t-elle.
.@LindaKebbab: «Comment des black blocs peuvent arriver, prendre le métro, renfiler le petit blouson noir par une blouse blanche ou un gilet jaune en fonction du contexte, s'attaquer aux forces de l’ordre et ensuite repartir ni vus ni connus?» pic.twitter.com/oDT5bzkZhT
— Sputnik France (@sputnik_fr) June 17, 2020
En guise de réponse, la syndicaliste pointe du doigt l’incapacité des services de police à «faire de la vraie prévention et entourer les black blocs soit en matière de renseignement, soit en action préventive et de préfiltrage».
Une inefficacité qui joue sur le moral des troupes, s’ajoutant au sentiment d’abandon de la part de leur hiérarchie. Linda Kebbab, qui est l’une des figures de proue de la fronde policière, appelait d’ailleurs ses collègues à la résilience dans une lettre ouverte publiée par Valeurs actuelles: «Mes très chers collègues […] Vous ployez sous le poids des critiques, mais jamais vous ne courbez l’échine». Comme la nature, les policiers ont horreur du vide, et la timidité des cadres de la police devant les polémiques semble balayée par l’impétueuse policière.
« Chers collègues,
— Linda Kebbab (@LindaKebbab) June 17, 2020
Dans les difficultés, nous n’avons pas l’obligation d’être parfaits,... »
Ma lettre diffusée dans les services de police, à tous les policiers, de tous grades et tous corps. ⤵️https://t.co/k91iUKGLYU pic.twitter.com/DVRWKyzKwr