Le réalisateur et écrivain Yann Moix a livré une tribune publiée ce jeudi 11 juin dans Le Point, dans laquelle il critique en neuf points la décision de la plateforme de streaming HBO Max de retirer «Autant en emporte le vent», film aux huit Oscars de 1939 jugé «raciste». Le long métrage devrait ressortir ensuite, accompagné de commentaires pour restituer l’œuvre dans son époque.
Yann Moix revient tout d’abord sur le concept même de racisme, affirmant que la France comme les États-Unis ne sont pas des pays racistes. «Le véritable mal, le véritable cancer, c'est la peur. La peur de passer pour un raciste», affirme-t-il, s’attaquant à ceux qui veulent «à tout prix montrer leur certificat d’antiraciste».
«J'ai à peu près le même mépris pour le raciste que pour celui qui a peur de passer pour tel», poursuit-il.
Il déplore ainsi la décision de Castaner de tolérer, malgré son interdiction en raison de la crise sanitaire, la manifestation pour George Floyd. «Le problème est de céder par la peur. Par excès de faiblesse. Or la faiblesse ne fait qu'attiser une chose: la haine», estime l’ancien chroniqueur.
«Autant en emporte le vent est un document sur 1939»
Le réalisateur de Podium entre ensuite dans le vif du sujet, expliquant que le roman «Autant en emporte le vent» de 1936 et le film de 1939 ont été produits dans une époque raciste, et présentent logiquement leur propre vision de l’esclavage de 1861. «La présentation historique du Nord et du Sud est idéalisée et bancale. Certes. C'est indubitable», reconnaît-il.
Il note que le film «n’est pas un document sur 1861, mais un document – précieux – sur 1939», et constitue dès lors «un témoignage». «Il faut appeler, en toute urgence, à empêcher l'hygiénisme historique», s’indigne-t-il, rappelant qu’il ne sert à rien de supprimer des éléments du passé qui ne nous plaisent pas. «La seule insulte que nous infligeons à l'humanité, c'est de manipuler son patrimoine, c'est de désinfecter sa mémoire, c'est d'assainir son histoire», conclut-il.