Le film «Autant en emporte le vent», qualifié par certains historiens de révisionniste, a été retiré de la plateforme de streaming HBO Max, en plein mouvement de protestation contre le racisme et les violences policières visant les Noirs aux États-Unis.
«Autant en emporte le vent est le produit de son époque et dépeint des préjugés racistes qui étaient communs dans la société américaine», a commenté mardi à l'AFP un porte-parole de HBO Max pour expliquer le retrait du long métrage aux huit Oscars.
Ce film-fleuve (3h58) sorti en 1939 est considéré par de nombreux universitaires comme l'instrument le plus ambitieux et efficace du révisionnisme sudiste. Il présente notamment une version romantique du Sud et une vision très édulcorée de l'esclavage, avec notamment du personnel de maison dépeint comme satisfait de son sort et traité comme des employés ordinaires.
Cette réinterprétation d'une période sombre de l'Histoire américaine serait l'œuvre de mouvements très organisés dans les anciens États confédérés, qui se sont attachés à montrer le Sud d'avant la guerre de Sécession sous un jour présentable.
La plateforme prévoit de remettre le film en ligne mais avec une contextualisation pour restituer l'œuvre dans son époque. Le film est toujours accessible sur d'autres plateformes, notamment à la location sur Amazon.
Paramount Network supprime sa série culte «Cops»
Toujours selon l’AFP, la série américaine controversée de téléréalité «Cops», à l'antenne depuis plus de 30 ans et institution du petit écran aux États-Unis, a été déprogrammée par Paramount Network.
La chaîne, filiale du groupe ViacomCBS, a confirmé à plusieurs médias américains que le programme ne figurait plus dans la grille et qu'il n'était «pas prévu qu'il y revienne». Depuis 1989, «Cops» accompagne sur le terrain des policiers, filmés principalement lors d'interpellations le plus souvent mouvementées.
L'émission a été régulièrement critiquée, notamment pour avoir exagéré l'importance de la délinquance aux États-Unis. En 2019, le podcast «Running From Cops» avait peint un tableau au vitriol de la série, montrant notamment que les policiers exerçaient un contrôle strict sur le contenu diffusé.
«Nous avons trouvé beaucoup de choses qui n'étaient pas conformes à la Constitution, pas légales, pas éthiques, et qui ne correspondaient pas aux règles du maintien de l'ordre», avait commenté le journaliste Dan Taberski, auteur du podcast, dans un entretien accordé au Los Angeles Magazine.
Il affirmait notamment que beaucoup de suspects interpellés n'avaient pas signé de décharge en pleine possession de leurs moyens et avaient donc été filmés contre leur gré. Pour lui, l'émission a eu une influence majeure sur la vision qu'avaient nombre d'Américains de ce qu'était un «bon» policier.
La BBC et Netflix retirent la série «Little Britain»
La série de sketchs humoristiques «Little Britain», lancée en 2003, n’est plus disponible sur BBC iPlayer et Netflix. Le diffuseur britannique, qui assure examiner régulièrement le contenu de ses programmes, a reconnu que «les temps ont changé» depuis l’apparition de la série et justifie ainsi son retrait.
La plateforme américaine a quant à elle jugé que l’utilisation du «blackface» n’était plus acceptable de nos jours. Dans «Little Britain», plusieurs personnages noirs sont joués par des acteurs blancs, lesquels sont maquillés et portent une perruque afro. Probablement pour les mêmes raisons, Netflix a retiré la série «Come Fly with Me», créée par les mêmes auteurs et contenant elle aussi un personnage noir joué par un Blanc.
L’un des créateurs de la série, Matt Lucas, admettait lui-même en 2017 que la série était trop «cruelle». «Si je pouvais revenir en arrière et refaire Little Britain […] je ne jouerais pas des personnages noirs», a-t-il déclaré au journal The Big Issue. «Maintenant je pense que c'est une solution de facilité pour les Blancs de faire rire en jouant des personnages noirs. Mon objectif est de divertir, je n'ai pas d'autre agenda», a-t-il conclu.