Les retards dans la prise en charge des patients atteints d’un cancer pourraient entraîner une importante vague de mortalité.
Le 22 avril dernier déjà, le réseau hospitalier Unicancer mettait en garde dans un communiqué contre le «renoncement aux soins» durant la pandémie. Notant que certains patients n’osaient plus se rendre dans les établissements de santé, Unicancer parlait alors d’une situation «pouvant engendrer de graves dommages», en particulier pour des pathologies chroniques ou aiguës.
Un constat que réitère Jean-Yves Blay, président d’Unicancer, interrogé par Le Parisien mercredi 3 juin. Selon lui, une vague de décès est à prévoir, après la baisse des demandes d’accès aux soins.
«Nous craignons 5.000 à 10.000 morts supplémentaires du cancer. Ces chiffres sont l'hypothèse optimiste:les Anglais ont des projections allant jusqu'à 40.000 patients décédés en excès. Ce problème est lié au retard de prise en charge. Dans les centres 100 % dédiés à la cancérologie, nous notons une baisse de 20 à 50 % des nouveaux cas, alors imaginez dans les hôpitaux généralistes…», explique-t-il au Parisien.
Retard dans les dépistages
Jean-Yves Blay affirme que le problème ne vient pas des patients déjà suivis, qui continueront à l’être «en temps et en heure». Mais il se montre plus pessimiste sur les nouveaux cas, qui auront tardé à se faire diagnostiquer durant la pandémie.
«Ceux qui nous inquiètent sont donc les nouveaux patients. Par exemple, les femmes qui, en mars, ont senti une petite boule dans le sein et se sont dit qu'il valait mieux attendre la fin de l'épidémie pour consulter», déclare ainsi le président d’Unicancer au Parisien.
Des retards dans les dépistages qui peuvent se révéler critiques pour certains cancers, comme ceux du sein ou des ovaires, explique encore Jean-Yves Blay.
D’autres professionnels de santé ont déjà fait part de leurs inquiétudes quant aux effets collatéraux de la pandémie de Covid-19. Au Canada par exemple, cardiologues et neurologues ont déjà mis en garde contre la «bombe à retardement» des maladies cardiovasculaires, là encore par manque de prise en charge durant l’épidémie.