Nord Stream 2 est au courant du projet de loi sur les sanctions présenté au Sénat américain, a déclaré à Sputnik Jens Muller, porte-parole de l’opérateur du projet. Selon lui, l’opérateur analyse déjà les conséquences possibles pour la construction du pipeline en cas d'adoption de ces restrictions américaines.
«Les sociétés énergétiques d’Europe occidentale autrichiennes, allemandes, françaises et néerlandaises ont investi près d'un milliard d'euros chacune dans le projet. Plus d'un millier d'entreprises de 25 pays sont pleinement intéressées à achever le projet», a fait valoir M.Muller.
Il a également fait remarquer que de telles mesures démontraient à quel point Washington méprisait les intérêts des consommateurs de l'Union européenne qui devront payer des milliards de plus pour le gaz si le gazoduc n'est pas construit.
Berlin rejette les sanctions
La porte-parole du ministère allemand de l’Économie a fait savoir auprès de Sputnik que le pays surveillait l’évolution de la situation, y compris aux États-Unis:
«Nous ne la commentons pas. Notre position quant aux sanctions extraterritoriales est claire. Nous les rejetons.»
Les nouvelles sanctions au Nord Stream 2 nuisent aux relations américano-allemandes, confie pour sa part à Sputnik le porte-parole du Parti libéral-démocrate (FDP) Martin Neumann. Il estime que ce projet de loi montre une fois de plus à quel point les politiques américaines sous Trump sont imprévisibles.
«Même si le gouvernement fédéral a commis des erreurs dans la mise en œuvre et la planification de Nord Stream 2, je soutiens le point de vue selon lequel les entreprises impliquées dans le projet devraient bénéficier d'un soutien politique. Cela s'applique également aux entreprises qui sont chargées d'assurer les navires utilisés pour achèvement du projet», ajoute Neumann.
Des sanctions promises
Des sénateurs américains ont introduit un nouveau projet de loi sanctionnant toute entreprise qui fournirait une certification, une assurance et des installations portuaires pour le projet de pipeline Nord Stream 2, a déclaré jeudi 4 juin le service de presse du sénateur John Barrasso.
«Le nouveau projet précise que les sanctions américaines liées au Nord Stream 2 s'appliquent aux navires engagés dans toutes les activités de pose de tuyaux, ainsi qu'à ceux qui facilitent la fourniture de ces navires, une assurance, des installations portuaires ou des services d'attache pour ces navires, et finalement à toute entreprise qui fournit la certification pour le pipeline Nord Stream 2 afin que puissent commencer les opérations.»
L’opposition des États-Unis
En décembre, les États-Unis ont adopté le budget Défense pour l’année fiscale 2020, qui prévoit entre autres des sanctions contre les entreprises liées à la construction des gazoducs Nord Stream 2 et Turkish Stream. La société suisse Allseas, chargée de poser les tubes du Nord Stream 2, a alors retiré ses bateaux de la mer Baltique. La Russie continue les travaux seule.