Face aux pressions de Washington, Pékin a annoncé ce jeudi 4 juin un assouplissement des restrictions sur les vols à destinations de la Chine.
Bémol cependant aux yeux des Américains: les compagnies aériennes étrangères autorisées à opérer l’étaient suivant une liste encore en date du 12 mars des entreprises encore actives. Résultat: seules quatre compagnies chinoises, qui n’avaient pas suspendues leur vol entre les États-Unis et la Chine à la mi-mars, étaient en mesure d’effectuer ces liaisons commerciales hebdomadaires, contre zéro côté américain.
Une entrave à la concurrence pour Washington qui a fait du trafic aérien une nouvelle pomme de discorde avec Pékin. Le 3 juin, Donald Trump a annoncé la suspension des vols vers les États-Unis pour les quatre compagnies chinoises à compter du 16 juin. Une réponse à l’impossibilité pour United Airlines et Delta Airlines de reprendre leurs vols vers la Chine. Un message qui a visiblement été entendu de l’autre côté de l’océan Pacifique.
Ainsi, dès le 8 juin, 95 compagnies aériennes étrangères pourront reprendre du service en Chine a annoncé ce matin la CAAC (Civil Aviation Authority of China). Toutefois, le régulateur de l’aviation civile en Chine met en garde: si cinq voyageurs sont contrôlés positifs au Covid-19 à leur arrivée, l’autorisation de la compagnie d’opérer vers la Chine sera suspendue pour semaine.
Les Européens «marginalisés»?
Le 2 juin, la Chambre de commerce de l'Union européenne en Chine, une association sans but lucratif, dénonce dans un rapport l’«avantage indu» dont les compagnies aériennes chinoises bénéficieraient par rapport à leurs concurrentes, estimant que certaines de leurs liaisons aériennes ne «peuvent fonctionner que grâce aux subventions considérables apportées par les autorités locales en Chine».
«Le système chinois donne à ses compagnies aériennes un avantage indu pour leur permettre de gagner rapidement des parts de marché mondiales», dénonçait la Chambre qui s’alarme alors du «risque est réel de voir le secteur aérien européen marginalisé au plan mondial».
Autre grief des Européens, le fait qu’une majorité de l’espace aérien chinois soit réservé à l’aviation militaire et non civile. Un facteur valable tant pour les compagnies chinoises qu’étrangères. En somme, les Occidentaux n’approuvent pas les règles chinoises en vigueur dans une Chine devenue membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Il faut dire que c’est là que le bât blesse pour des compagnies basées dans un espace économique dont les autorités supranationales veillent à ce qu’aucune forme de subvention ne soit accordée à une entreprise par un État-membre afin de ne pas fausser le jeu de la concurrence. Une orthodoxie que ne respectent pourtant pas non plus les États-Unis, quand la situation tourne à leur désavantage.
De manière générale, depuis le début de la crise, les critiques à l’égard de la Chine se sont faites bien plus virulentes. Décompte des victimes, diplomatie du masque, délai de réaction face à la menace sanitaire, reprise économique… les éditorialistes ne lâchent plus l’empire du milieu depuis plusieurs semaines.
Et si après tout les Européens reprochaient à la Chine ce qu’ils ont depuis longtemps abandonner? À savoir la pratique d’un patriotisme économique, et même un patriotisme tout court, d’une vision à long terme, le tout ayant l’insolence de porter ses fruits.