Canadiens coincés au Maroc: «Nous cognons à toutes les portes pour pouvoir partir»

© Sputnik . Natalia Seliverstova / Accéder à la base multimédiaAvion de la Royal Air Maroc
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Avec la crise du Covid-19, des citoyens canadiens sont toujours coincés au Maroc, où ils attendent un vol promis par Ottawa, qui ne semble jamais venir… Contraints de dépenser leurs économies, certains n’auront bientôt plus les moyens d’assumer les frais de retour. Entrevue avec deux citoyennes canadiennes coincées au Maroc.

La crise du Covid-19 est loin d’être terminée pour tout le monde, malgré un début de déconfinement dans plusieurs pays. De nombreux citoyens canadiens sont encore coincés dans divers pays étrangers comme le Maroc, où une centaine d’entre eux attendent toujours d’être rapatriés. Quelques vols ont déjà été organisés entre le Maroc et le Canada, mais ils n’ont pas suffi à combler cette demande d’un genre inédit.

«Attendre encore un mois n’est pas évident pour tous. Il y a des gens âgés qui doivent faire leur suivi médical. Il y a des gens qui stressent. Ce n’est pas seulement la santé financière qui est en jeu, mais la santé mentale aussi. Des gens qui attendent depuis mars, ce n’est pas évident», confie à Sputnik Laila Benbella, une Canadienne coincée à Casablanca depuis plusieurs semaines.

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Le 15 mai dernier, le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a déclaré que l’opération de rapatriement des Canadiens bloqués à l’étranger était sur le point de prendre fin. Cette opération consulaire est considérée par Ottawa comme la plus importante de l’histoire du pays.

«L’opération est largement complétée. Il reste encore des gens qui se trouvent à certains endroits. Nous allons nous assurer de leur fournir toute l’assistance consulaire possible. En date du 11 mai, nous avons rapatrié plus de 30.000 Canadiens sur 253 vols en provenance de 89 pays», avait fait savoir M. Champagne par communiqué.

Pourtant, les Canadiens encore coincés à l’étranger depuis le début de la crise multiplient les tentatives pour revenir au pays.

Entre sentiment d’abandon et difficultés financières

L’une des options que le groupe encore bloqué au Maroc explore actuellement est l’affrètement d’un vol privé, ce qui nécessite toutefois l’autorisation des gouvernements canadiens et marocains. Le groupe est toujours en attente d’un développement dans ce dossier.

«On essaie d’avoir les autorisations des autorités canadienne et marocaine pour prendre un vol que nous allons payer nous-mêmes. Parmi le groupe, il y a des Canadiens qui habitent au Canada et qui doivent retourner chez eux. Il y a de nouveaux immigrants qui ont reçu leurs visas et ont démissionné de leurs postes ici pour immigrer. Il y a même une femme enceinte coincée depuis trois mois», explique Mme Benbella à notre micro.

Dans un tel contexte, plusieurs d’entre eux se disent de plus en plus découragés par la situation, selon les témoignages recueillis.

«Malheureusement, aucune aide ni aucun soutien ne nous est offert. Depuis deux mois, nous travaillons fort et sommes laissés à nous-mêmes afin de rentrer à la maison. Malgré tous nos cris d’alarme, les courriels émis à ce jour, etc., le gouvernement du Canada n’a toujours pas répondu à notre demande d’aide», déplore quant à elle Julie Bellegarde en entrevue.

Laila Benbella estime que les réserves financières de la plupart de ses concitoyens seront bientôt épuisées, ce qui pourrait en empêcher certains d’entre eux de rentrer au Canada quand ce sera possible, surtout ceux qui sont coincés avec leurs familles.

Familles et femmes enceintes coincées loin de chez elles

La plupart des Canadiens résident à l’hôtel depuis plus de deux mois, souligne-t-elle, et les billets d’avion seront au moins deux fois plus chers qu’en temps normal pour le trajet entre Casablanca et Montréal.

«Toutes situations confondues, des gens n’ont plus les moyens de rester ici. […] Nous sommes en train de cogner à toutes les portes pour pouvoir partir», poursuit la citoyenne canadienne, qui travaille dans les ressources humaines au Québec.

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Dans une autre perspective, Mme Benbella considère que le gouvernement canadien pourrait avoir privilégié les Canadiens de naissance dans son offre récente de rapatrier un nombre limité de Canadiens à partir de Londres, le 5 juin prochain.

Canadiens de naissance, privilégiés pour les rapatriements?

Les personnes autorisées devraient d’abord prendre un vol entre Casablanca et la capitale britannique. Au départ, Affaires mondiales Canada a contacté deux Canadiens de naissance, avant d’étendre son offre à dix heures plus tard à tous les membres du groupe.

«Normalement, le racisme systémique n’a pas sa place au Canada, mais dans ce cas, si les autorités ont trop de situations urgentes, elles vont peut-être prioriser les Canadiens de naissance. Si les deux personnes contactées ne prennent pas le vol proposé et que le vol décolle avec des places vides, on pourra peut-être parler de racisme systémique», avertit-elle.

Ottawa a créé un programme spécial pour venir en aide à ses ressortissants bloqués à l’étranger. En vertu de ce programme, les Canadiens pris au dépourvu financièrement pourront recevoir un prêt allant jusqu’à 5.000 dollars canadiens (3.200 euros).

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