Même en temps de crise sanitaire et économique extrême, les internautes maghrébins s’intéressent au sexe plus que tout. Il suffit de réaliser une analyse comparative sur Google Trends* pour arriver à cette conclusion.C’est ce qu’a fait Sputnik en se focalisant sur le nombre de recherches effectuées ces trois derniers mois, pour «sexe», «porno» ou encore pour la chaîne pornographique «XNXX».
La comparaison a été faite avec les requêtes totalisées pour «coronavirus» et «كورونا» (coronavirus en arabe). Résultat: au Maroc, en Algérie, en Tunisie, comme en Libye et en Mauritanie, une tendance lourde se dégage. Dans toute cette région, la recherche de ces mots clés à caractère sexuel est largement dominante.
Chaud devant ! pic.twitter.com/v8HVaAufqk
— manal zainabi (@ManalZainabi) May 29, 2020
Dans l’ensemble des pays du Maghreb, la courbe est presque identique. Les recherches Google à caractère pornographique et sexuel dépassent largement celles liées au terme «coronavirus».
Ces tendances n’étonnent guère Rachid Aboutaieb. Interrogé par Sputnik, le président de l’Association marocaine de sexologie estime que la période de confinement est favorable à de telles dispositions. «Les internautes, au Maghreb comme ailleurs, ont davantage de temps libre. Ils passent le plus clair de leurs journées chez eux, dans le confort de leur foyer… C’est ce qu'il faut pour avoir l’esprit dégagé pour des pensées sexuelles à volonté», explique-t-il.
«En ces temps d’oisiveté, les internautes maghrébins, souffrant de diverses frustrations, cherchent surtout un contenu qui les soulage, pas le coronavirus qui ne va qu’exacerber leurs angoisses», ajoute-t-il.
De son côté, Abdelhadi El Halhouli, sociologue marocain et enseignant à l’université Sultan Moulay Slimane de Béni Mellal (au centre du pays, à plus de 300 km de Rabat), abonde dans le même sens. Pour lui, les consommateurs des contenus sexuels perçoivent les images qu’ils recherchent comme une échappatoire au confinement.
Sacré porno, même pendant le ramadan!
Ramadan et porno? Un mélange des genres pas si farfelu qu’il n’y paraît. La preuve: l’explosion au Maghreb, pendant le mois saint, du nombre de recherches sur Google pour des thèmes sexuels. Les courbes le montrent clairement, ni «ramadan», ni même «coronavirus» n’ont pu détrôner les requêtes sexuelles toujours élevées dans la région. Si ce type de recherche a drastiquement chuté au cours de la première semaine du ramadan, il est remonté tout de suite après.
Abstinence ? pic.twitter.com/10IAhlElAr
— manal zainabi (@ManalZainabi) May 29, 2020
Au Maroc par exemple, la remontée a été impressionnante.
Pour Aboutaieb, cette tendance défie même le sacré.
«Certes, le sentiment de religiosité est plus marqué chez le jeûneur au début du mois saint, mais passés les six ou sept premiers jours, les habitudes de consommation sur le web reprennent ensuite, tout naturellement.»
Mois d’abstinence le jour, le ramadan se transforme, après le coucher du soleil, en mois de fantasmes charnels débridés, affirme le président de l’Association marocaine de sexologie. L’analyse des données Google Trends confirme son constat: le pic de recherche est enregistré vers 20h, soit peu de temps après la rupture du jeûne.
«Des piliers de l’islam un peu mous»
En 2019, le site pornographique xHamster a publié des statistiques sur son trafic enregistrées pendant le mois du ramadan dans des pays à majorité musulmane.
Son vice-président, Alex Hawkins, a commenté ces chiffres avec un brin d’ironie.
«Les piliers de l'Islam des Iraniens et des Marocains semblent un peu mous…», a-t-il lancé.
La pornographie: principal éducateur sexuel dans les pays musulmans?
Au-delà du confinement et du mois de ramadan, les visites des sites à caractère sexuel restent élevées tout le long de l’année dans les pays à majorité musulmane.
«Pour la majorité écrasante de la jeunesse de ces pays, le sexe reste un mystère à explorer et un interdit à braver. Puisqu’ils ne peuvent pas en parler à leurs parents ou à leurs proches, ils se tournent vers le seul et unique moyen qui s’offre à eux: Internet. Dans la société maghrébine en particulier, cet outil joue le rôle de principal éducateur sexuel», précise-t-il, en prévenant des risques d’addiction.
En 2015, le Maroc a été classé 5e plus grand consommateur de contenu pornographique sur le net au monde. Le top 10 de ce classement établi par le webzine américain Salon.com est dominé par des pays musulmans. Le royaume est précédé, dans l’ordre, par le Pakistan, l’Égypte, le Vietnam et l'Iran. Il est suivi par l’Inde, l'Arabie saoudite, la Turquie, les Philippines et la Pologne. De quoi donner à des commentateurs comme Alex Hawkins de solides arguments pour tourner en dérision ces pratiques musulmanes peu orthodoxes.
* Outil mesurant la popularité d’une requête sur le moteur de recherche Google.