L’hémorragie d’émigration de milliers de médecins vers l’étranger, notamment la France, continue de saigner le corps médical en Algérie. En effet, dans un entretien accordé au site d’information Tout sur l’Algérie (TSA), le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), le docteur Lyes Merabet, a expliqué les raisons qui poussent les jeunes médecins, en particulier les spécialistes, à aller sous d’autres cieux. Alors qu’ils étaient environ 4.400 à exercer en 2017 en France, ce chiffre a augmenté de près de 240% en 2020.
«Nous avons plus de 15.000 médecins qui ont quitté le pays [pour la France, ndlr], pratiquement une moyenne de 300 à 400 nouveaux médecins et notamment les spécialistes qui sont sur les listes d’attente pour quitter le pays chaque année», a déclaré le docteur Merabet. «Il y a des médecins qui n’ont pas encore terminé leurs études et qui parallèlement apprennent l’anglais et l’allemand notamment, parce que tout simplement leur objectif c’est de quitter le pays dès que la première occasion se présente», a-t-il déploré.
Les raisons du désarroi
«Chez nous, les salaires sont misérables et il n’y aucune attractivité à ce niveau-là», a dénoncé Lyes Merabet. «Nous sommes assez bien équipés en termes de personnels, leur qualification et leur formation», a-t-il ajouté, estimant qu’«en termes d’expertise les médecins algériens n’ont rien à envier à leurs homologues étrangers».
Pour lui, le paradoxe qui se présente aux spécialistes algériens «ce sont ces salaires qui sont assurés avec toutes les conditions qui vont avec à des médecins qui font dans les mêmes spécialités que nous, et qui dans beaucoup de cas ne sont pas meilleurs que nos médecins ou nos spécialistes». «Cependant, s’agissant de la prise en charge, et des conditions de travail et des salaires, il n’y a pas de comparaison», regrette-t-il, précisant que «au minimum, on est à 10 fois plus [que, ndlr] le salaire d’un praticien algérien et dans la même spécialité».
Que faire?
Et d’enchaîner que «nous ne demandons pas que les salaires soient multipliés par 10 mais au moins par trois ou quatre».
En conclusion, Lyes Merabet a rappelé que le Président Abdelmadjid Tebboune avait promis lors de sa visite au CHU de Beni Messous dans le contexte de l’épidémie de coronavirus de mener «des réformes profondes dans le secteur de la santé». «Il a cité notamment la problématique des salaires en promettant qu’ils allaient être revus de manière conséquente», a-t-il souligné.