L’OM bientôt aux mains d’un prince saoudien? Derrière le foot, des luttes de pouvoir à Riyad

© AFP 2024 FAYEZ NURELDINEMohammed ben Salmane (deuxième à gauche)
Mohammed ben Salmane (deuxième à gauche) - Sputnik Afrique
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Depuis plusieurs semaines, la rumeur d’une vente de l’Olympique de Marseille au prince saoudien Al-Walid ben Talal enfle. Cet achat pourrait lui permettre de retrouver les faveurs du prince héritier saoudien, Mohamed ben Salmane, et de donner à l’Arabie saoudite un rayonnement international qui manque encore au royaume. Analyse.

Depuis le rachat du Paris Saint-Germain en 2012 par le Qatar Sport Investment, un fonds d’investissement lié à la famille régnante du Qatar, les rumeurs d’achat de clubs sportifs français, notamment de football, par de riches dignitaires du Golfe vont bon train.

Depuis plusieurs semaines, c’est au tour de Marseille de se retrouver au cœur de ces on-dit. Le club de foot phocéen, racheté par le milliardaire américain Franck McCourt en 2016, serait dans le viseur de la famille royale saoudienne. Et cette fois-ci, ce sont plus que de simples bruits de couloir qui font état de cette hypothèse.

Le magazine Challenges a mené l’enquête et les révélations que fait l’hebdomadaire spécialisé dans la finance établissent, au moins, une tentative de contact. Selon la revue, Kacy Grine, homme d’affaires proche du prince ben Talal et proche de la Maison-Blanche, serait entré en contact avec Jamie McCourt, ambassadrice des États-Unis en France et ex-épouse du propriétaire du club olympien, pour prendre la température concernant un éventuel rachat.

Un enjeu géopolitique

Challenges confirme même qu’«il y a eu un échange entre les deux hommes [Franck McCourt et Kacy Grine, ndlr]. Grine a agi en banquier d’affaires, il voulait voir s’il y avait une opportunité.» Il y a plusieurs années, l’hypothèse d’une vente du club phocéen au prince saoudien Al-Walid ben Talal était évoquée par le quotidien sportif L’Équipe.

Certains médias sportifs ont tenté de contacter l’entourage de Franck McCourt pour avoir des précisions, mais finalement, ceux-ci ont démenti les rumeurs. Un démenti qui peut néanmoins être une simple technique pour faire monter les enchères, comme c’est souvent le cas lors de négociations de cette ampleur.

​Pourquoi donc cet intérêt pour le rachat de l’Olympique de Marseille? Selon un homme d’affaires français présent dans le Golfe, cité par Georges Malbrunot, correspondant Moyen-Orient du Figaro, en général bien informé des affaires de la région, cet appétit pour le football phocéen pourrait en partie résulter d’une lutte politique interne.

​En 2017, lors de la grande purge «anti-corruption» organisée par Mohamed ben Salmane (MBS), lors de laquelle des centaines de dignitaires saoudiens avaient été enfermés au Ritz de Riyad, Al-Walid ben Talal était l’un des détenus les plus importants. Membre de la famille royale, multimilliardaire influent et acteur la scène politique internationale, MBS n’aurait pas apprécié qu’il ait un pied dans les deux sphères.

«Walid se déplaçait à Paris, Londres, Washington, voyait les chefs d’État, c’était officiel, officieux, il a toujours maintenu cette ambiguïté. C’est ce que lui a reproché MBS: “tu es un homme d’affaires, pas un homme politique, arrêtes tes rendez-vous”», explique à Georges Malbrunot l’homme d’affaires français.

Depuis, Ben Talal, à qui MBS a tout de même siphonné «six milliards de dollars sur les 19 qu’il avait», a compris la leçon et entend se concentrer sur ses activités économiques. Pour cela, Marseille pourrait être un parfait tremplin.

L’Olympique de Marseille est une véritable institution du football français, il est connu à l’étranger, ses performances sportives sont en progrès et le club bénéficie d’un énorme soutien populaire à Marseille.

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«Al-Walid ne peut plus jouer que la carte homme d’affaires, s’il veut exister. S’il rachète l’OM, entre la presse, la TV, les droits TV, il sera de nouveau présent dans les journaux. Ce serait une bonne affaire, le club est à la ramasse», indique le même homme d’affaires français interrogé par le correspondant du Figaro.

D’autant que le rachat du Paris Saint-Germain a donné des idées à la famille royale saoudienne. En effet, cette incursion dans le football français a largement permis de promouvoir l’image de l’émirat. La présence régulière de stars mondiales dans le pays a permis au Qatar d’exister aux yeux de millions de personnes, qui ignoraient jusqu’à son existence et d’être perçu comme autre chose qu’une simple pétromonarchie, si bien que le pays a même obtenu l’organisation de la coupe du monde 2022, l’événement sportif le plus suivi de la planète.

Une diversification nécessaire de l’économie

L’Arabie saoudite, qui a perdu sa place de premier producteur de pétrole au cours de la dernière décennie, se retrouve dans l’impérative nécessité de diversifier ses revenus. En atteste la volonté, cette fois confirmée officiellement, de rachat du club de football anglais de Newcastle par MBS.

En effet, si le royaume ne va pas épuiser ses ressources pétrolières de sitôt, il est à des années-lumière derrière les autres émirats du Golfe en termes d’image à l’international, d’attraction touristique, et même d’investissements dans les secteurs non pétroliers.

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