Le gouvernement du Maroc demande au roi de gracier journalistes et activistes du Hirak rifain

© AP Photo / Christophe EnaRoi Mohammed VI, archives
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À l’instar de la grâce accordée à plus de cinq milles détenus dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, des sénateurs marocains issus du Parti de la justice et du développement ont appelé le roi Mohammed VI à gracier les journalistes et les activistes du Hirak rifain écroués depuis 2018.

Le groupe du Parti de la justice et du développement (PJD), formation politique au pouvoir au royaume chérifien, à la Chambre des conseillers (Sénat marocain) a demandé au roi Mohammed VI d’accorder sa grâce aux activistes du Hirak rifain et aux journalistes condamnés en 2018 à de lourdes peines de prison ferme, rapporte le site d’information Yabiladi. Une demande défendue par le sénateur Nabil Chikhi, président du groupe, lors du passage au Sénat du chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani, également issu du PJD. C’est la deuxième initiative formulée par des élus marocains.

Après avoir salué la grâce accordée le 5 avril dans le contexte de l’épidémie de coronavirus par le souverain chérifien à 5.654 détenus, M.Chikhi a émis le vœu que «les efforts et les initiatives de tous» soient récompensés «dans les jours à venir par une grâce de sa majesté au profit des journalistes emprisonnés et des détenus dans le contexte des événements malheureux que notre pays a récemment connus [les manifestations à caractère social dans le Rif marocain, ndlr]».

L’initiative des socialistes

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Après la condamnation à de lourdes peines d'emprisonnement des leaders des manifestations sociales dans le Rif marocain le 26 juin 2018, Omar Balafrej et Mustapha Chennaoui, députés de la Fédération de gauche démocratique (FGD), ont soumis au parlement marocain le 29 juin de la même année un projet de loi d'amnistie générale de tous les condamnés dans les affaires de contestations sociales conformément à l'article 71 de la constitution du pays.

«Nous avons déposé cette proposition de loi, ce qui fait partie de nos responsabilités, pour demander une amnistie générale relative à tous les mouvements sociaux de ces deux dernières années», a déclaré Omar Balafrej auprès du site H24Info.

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Après avoir évoqué l'échec du plan de développement économique et social du pays, les deux députés ont écrit en conclusion de leur projet de loi que «l'État, au lieu de mettre un terme politique à ce dossier en libérant les personnes qui ont été arrêtées lors de revendications sociales, a préféré adopter une approche purement sécuritaire et judiciaire en condamnant ces personnes qui ne demandaient qu'à avoir une vie descente».

«Les revendications de la jeunesse rifaine ne sortent pas de l'ordinaire»

Bien que la mort tragique d’un poissonnier soit à l'origine de la naissance du Hirak dans cette région berbérophone du Maroc, les raisons du malaise et de la détresse de la population vont plus loin qu'une simple dénonciation des conditions de sécurité ayant conduit au drame, a expliqué le célèbre écrivain marocain Tahar Ben Jelloun dans une tribune publiée le 25 juin 2018 sur le site Le 360.

«L'ampleur de la crise sociale au Maroc est telle que des mouvements sociaux perdurent depuis plusieurs mois. Au nord comme au sud, ces mouvements expriment les mêmes revendications: le droit à des besoins de base tels que le droit à la santé, au travail des jeunes, aux infrastructures pour les zones marginalisées. La population de Jerada [nord-est du Maroc, ndlr] est aussi mobilisée depuis plus de sept mois», a ajouté M.Ben Jelloun. «Les revendications de la jeunesse rifaine ne sortent pas de l'ordinaire. Ils veulent un hôpital, une université, des écoles, des mesures de justice sociale et des emplois», a-t-il insisté.

Quelques condamnés

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Le tribunal de Casablanca a rendu le 26 juin 2018 son verdict concernant les meneurs du mouvement de contestation sociale (Hirak), né en octobre 2016 dans la région du Rif au Maroc, après la mort d'un vendeur de poissons broyé dans une benne à ordures.

Ainsi, Nasser Zefzafi, Nabil Ahmjiq, Ouassim Boustati et Samir Ighid ont tous été condamnés à une peine de 20 ans de prison ferme pour «complot visant à porter atteinte à la sécurité de l'État». Un chef d'accusation qui aurait pu leur valoir la peine de mort, comme le dispose la loi marocaine.

Par ailleurs, le journaliste marocain Hamid Elmahdaouy, directeur du site d'information Badil.info, arrêté et jugé dans le cadre de la même affaire, a aussi été condamné le 28 juin 2018 par la Cour d'appel de Casablanca à trois ans de prison ferme et au versement d'une amende de 3.000 dirhams (environ 270 euros).

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