Polémique sur le jeûne en plein Covid-19 en Algérie: l’autorité religieuse tranche

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Jeûner le mois de ramadan est une obligation malgré l’épidémie de coronavirus, a déclaré la Commission de la fatwa au sein du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs, mettant ainsi un terme à la polémique.

Une polémique sur la nécessité de jeûner le mois de ramadan a éclaté en Algérie deux semaines avant de débuter. En cause, la situation sanitaire critique liée à la propagation de l’épidémie de coronavirus. La Commission de la fatwa (avis jurisprudentiel religieux) au sein du ministère des Affaires religieuses et des Waqfs a rendu son verdict lundi 20 avril, rapporte le site d’information Tout sur l’Algérie (TSA).

La commission informe dans un communiqué, et après consultation du professeur Djamel Fourar, porte-parole du comité scientifique de suivi et de surveillance de l’épidémie, que «l’observation du jeûne durant le mois ramadan, qui intervient cette année dans un contexte de pandémie de coronavirus, est une obligation étant donné qu’aucune étude scientifique n’a conclu à un lien entre le jeûne et l’infection au Covid-19», indique TSA.

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Par ailleurs, la note souligne que la décision de suspendre la prière du vendredi et les prières quotidiennes, ainsi que la fermeture des mosquées en application des mesures d’hygiène et d’isolement sanitaire, sera élargie à la prière de veille nocturne du ramadan (tarawih), qui est une prière surérogatoire.

Sujet clos?

Le détonateur de cette polémique: un article publié le 8 avril par l’ex-ministre des PME puis du Commerce Noureddine Boukrouh, intellectuel connu pour sa quête de rénovation de l’islam, intitulé: «Coronavirus et les civilisations».

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M.Boukrouh commence par rappeler qu’Al Azhar, la plus grande université de théologie dans le monde musulman se trouvant au Caire, a, après consultation de ses spécialistes en médecine, affirmé qu’«il n’y avait pas lieu de préconiser l’empêchement du jeûne» actuellement. Ce qui «veut dire que si les choses venaient à empirer elle pourrait le faire, car l’esprit coranique, l’esprit des lois comme dirait Montesquieu, l’y autorise», poursuit-il.

Partant de la pertinence de cette éventualité, Noureddine Boukrouh estime dans son texte que si aucun remède n’est trouvé au «Covid-19 d’ici le ramadan, […] le vieux savoir religieux invariable en tout temps et tout lieu sera confronté à un sérieux embarras: consentir à la suspension du jeûne cette année, car un gosier sec favorise l’implantation du virus, ou la refuser et braver le risque d’une plus large contamination des musulmans et des non-musulmans qui vivent ensemble presque partout». «Qu’est-ce qui doit primer? La vie d’un nombre indéterminé d’êtres humains ou une prescription religieuse?», s’interroge-t-il.

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Pour conclure son texte, M.Boukrouh écrit: «Où a-t-on vu un appel de ma part, mufti malgré lui, à ne pas jeûner cette année? On ne le saura jamais».

À la suite de la publication de son papier, l’ex-ministre affirme avoir reçu «un déluge de critiques, d’insultes et de menaces de mort provenant de mon pays et de l’étranger». Selon lui, à cause d’une déformation et une très mauvaise compréhension de ses propos, particulièrement par deux médias, il a été accusé de commettre «le sacrilège d’appeler à une suspension de l’obligation religieuse de jeûner à cause du Covid-19, une idée aussi farfelue que sans précédent dans l’histoire millénaire de l’islam».

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