«Il y a plus d’appels que d'habitude, c’est vrai. Après on aussi est débordé parce que les policiers sont en flux tendu depuis un moment: actes terroristes, protection Vigipirate, opération Sentinelle, gestion des mouvement sociaux et sociétaux. Du coup, avec le coronavirus, on a plusieurs milliers de collègues qui sont en confinement. On a également des collègues qui sont malades, et malheureusement des collègues qui sont décédés. Donc effectivement, tout le monde n’est pas sur le terrain autant qu’on voudrait y être. Du coup, ça limite l'activité de la police sur certains endroits», détaille Alexandre Langlois à Sputnik.
«Il y a des gens qui sont parfois animés par des intentions malveillantes, pour se venger de leurs voisins. Et il y a des gens qui pensent sincèrement protéger la population et la santé des autres, parce que si le confinement n’est pas respecté, ça peut mettre tout le monde en danger. Mais quelles que soient les raisons, les policiers font au mieux. Et effectivement, la recrudescence d’appels n'arrange pas la qualité du service de la police. Donc laissez la ligne 17 pour les vraies urgences», insiste Alexandre Langlois.
Une pratique soutenue et même encouragée en période de confinement dans certaines villes, comme à Montgeron où les habitants ont été invités à dénoncer à la police les personnes qui ne respecteraient pas le confinement. Une pratique inattendue, mais soutenue par 43% des Français, selon un sondage Harris Interactive.
Dans l'Essonne, la maire de Montgeron invite ses habitants à dénoncer ceux qui ne respectent pas le confinement pic.twitter.com/k13RmQZzsT
— BFM Paris (@BFMParis) April 16, 2020
Par ailleurs, des affiches qui appellent à la délation ont été vivement critiquées car diffusées seulement dans certains halls d’immeubles de quartiers dits «populaires». Aujourd’hui, ces quartiers sont plus que jamais pointés par certains, les habitants étant accusés de ne pas respecter les mesures sanitaires. Bien que les chiffres des verbalisations ne confirment rien de tel, Alexandre Langlois affirme cependant que la gestion de certains quartiers n’est pas possible:
«À l'heure actuelle, on n'est même pas capable de faire respecter le confinement dans certains quartiers, je veux dire avant que ces appels soient d’une utilité quelconque. Et ce n’est pas près d'arriver, vu les moyens de la police actuellement. Il y a différents quartiers populaires, que je ne citerai pas pour pas les mettre en avant, où les policiers ont déjà du mal à entrer. Des quartiers qui ont déjà été ciblés comme zone de reconquête républicaine. Donc ça veut dire qui ont déjà été abandonnés par la république. Et aujourd’hui, ce ne sont pas des quartiers où on va faire respecter le confinement avec deux ou trois patrouilles de policiers.»
À l’image des vifs échanges de ce weekend, à Villeuneve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), entre jeunes et policiers. En pleine crise du Covid-19, des échauffourées ont éclaté après l’accident d’un conducteur de motocross, une indéniable bavure pour les habitants.
La situation se tend à #VilleneuveLaGarenne, intervention des forces de l’ordre. Utilisation de gaz lacrymogènes. pic.twitter.com/VEYQqHwgdI
— Remy Buisine (@RemyBuisine) April 19, 2020
«La vraie question c’est, est-ce que le gouvernement veut faire respecter le confinement dans ces endroits? La réponse est a priori "non"», avance le secrétaire général du syndicat Vigi Police qui insiste sur le manque de moyens matériels et humains mis à disposition de la police pour le faire respecter.
«Le confinement, on le fait respecter à des gens solvables et qui peuvent payer les contraventions et puis les autres, c’est tant pis pour eux. Mais malheureusement, c’est surtout tant pis pour les gens qui respectent le confinement dans ces endroits et qui n’ont pas la garantie des mêmes droits à la sécurité que le reste de la population. Et c’est là où c’est une honte pour la France», s’indigne Alexandre Langlois.