Notre-Dame: un an après l’incendie, «la cathédrale blessée est proche de tous les blessés de la pandémie»

© Sputnik . Oxana BobrovitchNotre-Dame de Paris en cours de restauration
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Le 15 avril 2019, un incendie spectaculaire a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un an plus tard, Mgr Patrick Chauvet, son recteur, et André Finot, attaché de presse de Notre-Dame, font le point sur leurs certitudes, leurs déceptions et leurs espoirs au micro de Sputnik.

Notre-Dame de Paris est toujours debout, malgré d’importants ravages causés par l’incendie qui a détruit le 15 avril 2019 une partie de l’édifice, vieux de huit siècles. André Finot, attaché de presse de la cathédrale, reste optimiste sur l’avenir du chantier, puisqu’en un an, «on a accompli énormément des choses».

«Très rapidement, dès le 16 avril au matin, tous les ouvriers sont venus spontanément travailler sur ce chantier pour sécuriser l’édifice. Un an après, vous pouvez voir un bâtiment qui est debout, qui tient bien, qui est sécurisé», souligne André Finot.

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Seul regret: il aurait aimé que l’échafaudage, qui a brûlé en partie lors de l’incendie, soit déjà démonté. La date du 23 mars était prévue «depuis très longtemps»: avec quelques mois de retard dus à la contamination au plomb, on s’apprêtait à démanteler l’échafaudage calciné. Hélas, le chantier a été arrêté une deuxième fois à cause du confinement.

«Pour l’instant, on est un peu déçus, parce que nous sommes bloqués par la pandémie. Aupravant, on a été contrariés à cause du problème du plomb. Mais actuellement, on peut se réjouir parce que la sécurisation se passe bien. La cathédrale est maintenant quasi sauvée», a assuré à Sputnik Monseigneur Patrick Chauvet, recteur de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

André Finot nous rappelle que les indispensables diagnostics initiaux ont pris «énormément de temps». Ils ont cependant été menés en parallèle avec le montage d’un nouvel échafaudage par-dessus celui qui a été «soudé par des flammes à 800 degrés».

Le travail ne s’arrête pas lors du confinement, «l’objectif 2024 sera tenu»

L’objectif est d’envoyer sur cette nouvelle structure des alpinistes industriels, qui vont descendre en rappel pour découper l’ancien en morceaux, lesquels seront ensuite descendus un à un à terre. «C’est sûr que l’on prendra un peu de retard sur l’échafaudage, il faudra peut-être augmenter le nombre d’ouvriers, on verra», suppose le porte-parole. En attendant, les architectes continuent à étudier à distance toutes les données récoltées sur la cathédrale:

«Le travail ne s’arrête pas. Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus d’ouvriers sur place que tout le chantier est arrêté. Les architectes continuent à travailler, confirme André Finot. L’objectif annoncé par le général Jean-Louis Georgelin sera tenu: l’année 2024.»

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D’après André Finot, si tout le monde se focalise sur cette date, ce n’est pas seulement pour répondre aux desiderata du Président de la République: les personnels travaillant sur le chantier font preuve d’un réel enthousiasme. «On l’espère tous. Les ouvriers n’ont qu’une seule envie, c’est de retourner travailler, de travailler encore plus fort pour sauver cet édifice, assure le porte-parole. Tous n’ont pas voté pour Macron, je ne pense pas, mais il est vrai qu’il existe cette volonté de rouvrir ce bâtiment au plus vite. C’est un chantier qui vit, c’est formidable.»

«Je pense que le délai [de cinq ans pour finir les travaux, annoncé par Macron, ndlr] sera tenu. Le Président de la République a dit qu’il “voulait redonner la cathédrale aux catholiques”, cela veut dire que la priorité est de refaire les voûtes, la charpente et le toit. Il est évident que tout ce qui est à l’extérieur ne sera pas [prêt, ndlr] dans cinq ans, mais dans 10-12 ans. C’est un édifice énorme à restaurer dans son ensemble», détaille pour Sputnik Mgr Patrick Chauvet.

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L’autre grande inconnue demeure depuis un an la cause de l’incendie. À ce jour, aucune conclusion officielle n’a été publiée et d’après le porte-parole de la cathédrale «on n’a aucune date de prévue» à ce propos. «On va attendre les conclusions de la justice», relève André Finot, fataliste.

La question épineuse des raisons d’incendie

Le recteur de Notre-Dame ne détient pas non plus d’informations supplémentaires à ce propos.

«Les enquêtes se poursuivent. Je pense que l’on arrivera à ce qu’avait dit le Procureur de la République, à savoir un court-circuit ou une suite de petits incidents qui ont provoqué l’incendie», suppose Mgr Patrick Chauvet.

Même si tous les yeux en France sont braqués sur l’épidémie de Covid-19, le porte-parole de la cathédrale ne s’attend pas à des restrictions budgétaires ni à une réattribution de dons promis à Notre-Dame de Paris. «Il n’y a pas de reculade par rapport à ça. Tout le monde espère bien rester dans cette optique et tout le monde versera l’argent. Je n’en doute pas une seconde», souligne André Finot.

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En attendant, la vie spirituelle a repris de manière «exceptionnelle», lors de la cérémonie de vénération de la Sainte Couronne d’épines, Vendredi saint, quand la relique principale de la cathédrale est revenue pour la première fois «dans “son” lieu».

«C’était émouvant. Ce qui était émouvant aussi, dans le cadre de la pandémie, c’était la présence de la cathédrale blessée aux côtés de tous les blessés de la pandémie, que la souffrance du Christ soit proche de la souffrance des familles endeuillées. Dans notre monde actuel, où l’on ne peut pas vivre de proximité physique, il y a eu une proximité spirituelle. C’est bien que Notre-Dame et son Fils soient là auprès de toutes nos croix», clame Mgr Patrick Chauvet.

Malgré «la souffrance d’avoir des chaises vides devant soi», le recteur de la cathédrale, tout comme des centaines de prêtres à travers la France, continue à accomplir «un acte de foi» en s’adaptant aux conditions particulières du confinement, notamment en diffusant des messes en direct. «Ce n’est pas toujours facile, mais on sait que derrière les caméras, il y a beaucoup de fidèles», souligne Mgr Patrick Chauvet.

«Le plus positif, c’est que quand vous rentrez dans la cathédrale, vous vous dites: “ah, eh bien finalement, on a pas perdu grand-chose”. Et c’est vrai qu’à part l’autel, tout est encore là, tout est encore debout. Ça, c’est le vrai miracle», conclut André Finot.
© Sputnik . Bruno MartyUn an après l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris
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