Faisant suite aux assertions du ministre suédois de l'Énergie et du Numérique Anders Ygeman qui, dans un post Facebook datant de décembre 2019, accuse la Russie de déstabiliser le débat suédois sur la 5G, la chaîne de télévision SVT a mené sa propre enquête. Elle a examiné sur le réseau social deux mille commentaires qui avaient incité le ministre à tirer une telle conclusion.
«Il y a certainement beaucoup de Suédois impliqués dans la discussion, mais ce qui fait la grande différence dans le dossier de la 5G, c'est que nous recevons également des milliers de remarques de bots», a déclaré le ministre dans un entretien à SVT.
Cependant, au lieu de traces d'attaques venant des réseaux russes, la chaîne a considéré que la grande quantité de commentaires pouvait être attribuée à un groupe Facebook suédois. L'enquête montre très clairement que plus de la moitié des utilisateurs qui ont commenté le post de M.Ygeman est également membres du groupe intitulé «La radiation du Wi-Fi présente des risques pour la santé. Stop la 5G», note SVT. L'administrateur du groupe a envoyé des instructions à ses près de 15.000 membres, les exhortant à laisser leurs commentaires sur la page Facebook d'Anders Ygeman.
Une mamie de Stockholm
La personne qui lancé la discussion sur la page de M.Ygeman est Katarina Hollbrink. Elle vit à Stockholm et se décrit comme une grand-mère suédoise ordinaire qui s'inquiète des ondes. Elle a été surprise de la démarche du ministre.
«J'ai été bouche bée, c'était ridicule. Un grand nombre de personnes ont commenté notre demande», a-t-elle déclaré à SVT.
Lorsque la chaîne a demandé à Anders Ygeman de clarifier ce qu'il voulait dire, il s'est avéré que c'est son équipe qui avait fait cette conclusion après avoir repéré des «signes clairs».
«C'est une question dans laquelle la Russie a des intérêts, ce qu’avaient montré les enquêtes de SVT et des autorités d'autres pays», a fait savoir le ministre.
Pas de spéculations!
SVT a également interrogé Hans Blix, ancien diplomate de haut rang, qui s'est fait connaître dans le monde entier pour avoir essayé de trouver la vérité lorsque les États-Unis affirmaient que le dictateur irakien Saddam Hussein disposait d’armes de destruction massive. Il a estimé que les hommes politiques doivent avoir une grande responsabilité lorsqu'il s'agit de justifier leurs assertions. «Il ne faut pas se livrer à des spéculations gratuites», a-t-il dit à SVT.