La Chine bientôt sortie de la crise du Covid-19? Tout porte à le croire, si l’on se fie aux déclarations officielles de Pékin. Le gouvernement chinois a annoncé ce 24 mars qu’il allait lever les restrictions de déplacement le 8 avril dans la ville de Wuhan, berceau de l’épidémie. Cela va déjà être le cas à Hubei, la région dans laquelle se situe Wuhan, qui bénéficie de cette mesure dès ce 25 mars.
Coronavirus : la province du Hubei rouvre ses portes, des milliers de Chinois se pressent pour quitter la région https://t.co/aQnDJZPI0D pic.twitter.com/pr5lJVawMr
— BonneSante (@24sante_fr) March 25, 2020
Un pas de géant vers une sortie de crise pour l’Empire du Milieu, qui porte désormais toute son attention sur le redémarrage de son économie, comme l’explique au micro de Sputnik, Mary-Françoise Renard, économiste, professeur à l’Université d’Auvergne et responsable de l’Institut de recherche sur l’économie de la Chine:
«C’est une réalité. Le travail reprend un peu partout. Même à Wuhan, les gares vont être utilisées à partir du 8 avril. Il y aura toujours des contrôles de santé et d’autres mesures, mais il y aura une plus grande mobilité des gens. Il y a aussi une reprise de la production qui est certaine.»
D’après un haut responsable de la Banque centrale chinoise, la Chine, qui pèse 16% de l’économie mondiale, reviendra très vite à des taux de croissance équivalents à ceux de l’avant-coronavirus. Pour de nombreux analystes, en Chine comme ailleurs, le redémarrage de l’économie dépendra en grande partie de la volonté des ménages à consommer une fois la crise sanitaire passée.
«En Chine, où le nombre de personnes contaminées par le coronavirus est en forte baisse, on voit que la consommation reprend rapidement et que la confiance des ménages est au rendez-vous», explique Pascal Cotte, l’un des responsables mondiaux de la plateforme Covid-19 mise en place par le Boston Consulting Group.
#China's economic activity is up to 80%... pic.twitter.com/2foAnEWFS9
— jeroen blokland (@jsblokland) March 25, 2020
En avance dans cette sortie de crise, la Chine peut-elle réellement se relever économiquement, alors que le reste du monde est toujours confiné? En 2018, les exportations de biens et services chinois représentaient tout de même 19,5% de son PIB, une part non négligeable, mais qui est en diminution depuis 2006. Pourtant, selon Mary-Françoise Renard, le manque de la demande extérieure ne devrait pas poser de problème majeur à Pékin.
«La Chine est évidemment pénalisée par la baisse de la demande extérieure et par l’existence de chaînes de valeur. Néanmoins, elle dépend désormais beaucoup moins de cette demande extérieure, mais plus de sa demande interne. L’objectif du gouvernement depuis quelques années est de développer la consommation, et aujourd’hui, c’est encore plus le cas. On a vu des bons être remis aux particuliers pour pouvoir consommer. Il y aura donc certainement un rebond de la consommation», souligne la chercheuse.
Première grande puissance bientôt débarrassée du Covid-19
Cette sortie de crise précoce pourrait même constituer une occasion en or pour Pékin. Alors que les pics épidémiques n’ont pas encore été atteints en Europe et aux États-Unis, il est difficile de mesurer l’impact économique que le SARS-COV-2 aura sur ces régions. Une aubaine pour la Chine qui pourrait prendre de l’avance dans certains domaines stratégiques, notamment les technologies de pointe.
«Ce qui sera intéressant de voir, c’est que la Chine profitera très certainement de la situation pour se renforcer dans les domaines de l’intelligence artificielle et la 5 G. Elle prévoit d’ailleurs d’augmenter ses investissements dans la 5G à des niveaux jamais atteints jusqu’à présent. Cela s’inscrit dans une stratégie à long terme, qui vise à faire évoluer son modèle économique, en améliorant la qualité de sa production et son niveau technologique. Et elle peut profiter de la situation pour parvenir à ses fins», confie Mary-Françoise Renard.