Les réfugiés sahraouis, estimés à 165.000, vivent dans cinq camps situés en Algérie, dans la région de Tindouf (1.820 km au sud-est d’Alger). Le Front Polisario a mis en œuvre des mesures rigoureuses pour faire barrage à l’épidémie de coronavirus du fait de sa proximité directe avec le pays hôte, qui compte près de 400 cas confirmés de contamination au Covid-19 et 25 décès, ainsi que la Mauritanie, qui compte 3 cas d’infection.
«La situation sanitaire dans les camps sahraouis est très satisfaisante puisque nous n’avons enregistré aucun cas d’infection au coronavirus. Nous nous sommes intéressés dès le mois de janvier à ce virus au moment où il commençait à se propager en Chine et en Asie. Puis à l’annonce du premier cas en Algérie, vers la fin du mois de février, nous avons limité au maximum les mouvements de population entre les cinq camps, avec l’Algérie et la Mauritanie dont la frontière commune a été fermée. Nous avons également identifié les personnes qui étaient revenues de voyage afin de les placer en quarantaine dans des centres installés dans chaque camp», indique Ali Abdallah qui occupe le poste de directeur de la Coopération du ministère sahraoui de la Santé.
Prise de conscience
Les réfugiés qui ont été contact avec des personnes placées en quarantaine ont été tenus de respecter un confinement de quatorze jours dans leur domicile. Des opérations de désinfection ont lieu régulièrement dans les camps. «Nous sommes confiants car la population a pris conscience du danger que représente le coronavirus. Les gens ont compris la nécessité de fermer les mosquées, d’éviter les mariages et tout type de rassemblement», note le porte-parole du comité qui assure que des dispositions ont été prises pour ravitailler les camps en produits alimentaires.
Ali Abdallah précise que le plan de prévention est mené en coopération avec les services sanitaires algériens ainsi que les différentes ONG internationales qui interviennent dans les camps sahraouis et l’Union africaine. Selon lui, la question de la disponibilité des moyens de protection pour les professionnels de la santé est l’un des points les plus importants de ce programme.
«Nous avons fait part de nos besoins en matière de masques, de tenues et de gel hydroalcoolique. Nous disposons d’un stock qui nous permettra de faire face à toute éventualité en attendant l’arrivée de nouveaux équipements. Bien entendu, le plus important est d’éviter le fameux patient zéro. Pour ce faire, nous avons instauré un système de veille quotidienne qui nous permet d’identifier tout cas de fièvre suspecte. Chaque jour, à 14h, un rapport de suivi est adressé à notre centre de statistiques médicales», ajoute Ali Abdallah.
Santé militaire
Pour ce qui est des territoires du Sahara occidental placés sous l’autorité du Front Polisario, où vivent de nombreuses familles nomades, il a été décidé de fermer le passage qui les relie aux camps de réfugiés et de ne laisser passer que les cas d’urgence médicale. Dans ces grands espaces désertiques, la lutte contre le coronavirus est du ressort de la Direction de la santé militaire. Cette direction dispose de deux structures de santé –à Tifariti et à Aghouinit– ainsi que de centres de santé dans chacune des régions militaires.