Le Conseil des ministres, sous la direction d’Abdelmadjid Tebboune, a pris le 17 mars la décision d’interdire l’exportation des produits stratégiques pendant la crise sanitaire suscitée par la pandémie du coronavirus. Et le gouvernement algérien vient de dresser une liste de 17 produits entrant dans le cadre de cette mesure, rapporte le site d’information Tout Sur l’Algérie (TSA).
Le communiqué publié à l’issue du Conseil des ministres rapporte qu’il est désormais interdit «d’exporter tout produit stratégique, médical ou alimentaire, jusqu’à la fin de la crise, et ce pour sauvegarder le stock national».
Les autres mesures du Président
Lors du Conseil des ministres tenu dimanche 22 mars, Abdelmadjid Tebboune a annoncé quatre mesures à même de faire face à cette situation marquée par une importante chute des réserves de change passées de 179 milliards en décembre 2014, à 62 milliards en décembre 2019.
Quels impacts sur la situation financière du pays
Ainsi, selon lui, «la réduction des importations jusqu’à 31 milliards dollars comporte des risques sur la paix sociale et pourrait provoquer une flambée du chômage». À ceci s’ajoute «les montants des services qui varient de 12 à 15 milliards de dollars par an et qui sont pratiquement incompressibles car ils font tourner la machine économique».
Concernant la baisse de sept milliards de dollars des investissements de la Sonatrach dans une situation de chute de 60% des réserves en pétrole du pays, «elle est de nature à compromettre les capacités futures de production de la société et donc les revenus du pays, en l’absence d’alternative aux hydrocarbures à moyen terme», explique l’expert.
Le budget de fonctionnement de l’État
Mais le plus problématique rest celui «des Moudjahidine [ministère des Anciens combattants, ndlr] qui se taille une part inimaginable de 4,5%», indique l’ex-ministre, ajoutant que ce budget «correspond à 750 fois celui du tourisme et de l’artisanat; 90 fois celui de l'environnement et des énergies renouvelables; 90 fois celui des postes et des TIC [technologies de l’information et de la communication, ndlr]; 45 fois celui de l'industrie et des mines; 22,5 celui des ressources en eau; 15 fois le budget de l'habitat, de l'urbanisme et de la ville…».
«Comment, dans ces conditions, opérer une coupe brutale de 30% sans causer des dommages pour l’économie et la stabilité du pays?», s’interroge Ali Benouari qui insiste sur le fait qu’«à part le secteur sécuritaire, Défense et Intérieur, et les Moudjahidine, la marge du gouvernement est de zéro au vu des budgets rachitiques alloués aux autres secteurs».
La structure actuelle du budget du fonctionnement de l’État «ne peut être modifiée qu’au prix de réformes structurelles qui bouleverseraient le mode d’organisation et de fonctionnement de l’État tout entier», assure l’expert, car dans les conditions actuelles «il ne reste rien pour développer l’agriculture, l’énergie, les mines, l’industrie, les transports, l’environnement, les TIC, etc.». «Tous les secteurs porteurs de croissance ont un budget inférieur à 1%», conclut-il.