Coronavirus ou non, les zones de non-droit restent criminogènes. À Trappes, deux heures à peine après l’annonce de durcissement du confinement d’Emmanuel Macron, un groupe de pillards forçait la porte d’une supérette. Alertée, la police est intervenue, se retrouvant face à une quinzaine d’individus les prenant pour cible avec des projectiles. Les agents ripostèrent alors à la grenade lacrymogène, et les petites frappes déguerpirent, les caddies remplis de marchandises.
Dans les rues de Paris, la tension est aussi palpable: si leur échelle est moindre, les mouvements de foule et les incivilités devant les magasins semblent s’accumuler. Les agents n’ont plus le choix: ils doivent garantir le confinement et verbaliser les imprudents.
🔴 Une femme refusant de respecter le #Confinementotal hurle sur les policiers. Quand ils la mettent à l'écart, elle leur tousse au visage en disant : "Laissez moi j'ai le #coronavirus vous l'aurez aussi!" Elle est interpellée. #COVID19france pic.twitter.com/uxR7SiWpMv
— simon louvet (@simonlouvet_) March 17, 2020
Protéger les commerces d’alimentation qui restent ouverts
Sputnik France a eu accès à des consignes internes du Secrétariat général du ministère de l’Intérieur. Les infractions générées par la situation actuelle se verront particulièrement privilégiées. La surveillance des commerces qui demeurent ouverts et leurs abords, ainsi que la protection de leurs salariés doit être garantie, selon les instructions de la hiérarchie policière. Point plus surprenant, ou en tout cas moins évident: cette dernière craint l’augmentation des violences intrafamiliales, provoquée par le confinement.
Les atteintes aux biens ou le travail d’initiative, qui concerne principalement la lutte contre les produits stupéfiants et l’insécurité routière, sont dorénavant considérés comme secondaires. Et si la France entière s’adapte au télétravail, la police n’échappe pas à la règle, notamment ses agents affectés aux missions de soutien. Mais d’autres voient leur charge décuplée: même si le gouvernement n’a pas annoncé leur fermeture au niveau national, la mission de contrôle aux frontières de la police devient ainsi «la mission ultra prioritaire».
Les commissariats se barricadent
Les policiers devront enfin assurer leur propre sécurité sanitaire, pour que les agents qui doivent empêcher la propagation ne deviennent pas, à leur tour, des vecteurs de contamination. Depuis vendredi 13 mars, tous les véhicules de patrouille et d’intervention sont équipés de kits de masques et de produits hydroalcooliques. Samedi 14 mars, la préfecture de police de Paris annonçait que sept policiers de la Brigade des réseaux franciliens avaient été testés positifs. 400 agents de la brigade sont depuis confinés sur ordre du préfet Didier Lallement.
«Vous savez rien n'est compliqué pour nous, on nous a expliqué que les manifestations étaient très compliquées [...] Mon travail n'est pas de lister les problèmes mais de trouver des solutions. Je vais les trouver», a déclaré le préfet de police de Paris Didier Lallement pic.twitter.com/QtETshTqZR
— CNEWS (@CNEWS) March 17, 2020
Sept autres cas ont aussi été relevés dans le Var. En tout en France, ils sont 600 policiers à être désormais confinés. 110 gendarmes le sont aussi, avec leurs familles, à Grasse (Alpes-Maritimes) après la confirmation de deux cas dans leurs rangs.
Les GAV limitées aux cas les plus graves
Selon les consignes internes que nous avons consultées, les services judiciaires fonctionneront aussi au ralenti: seules les procédures d’urgence seront traitées. Les déferrements seront en «limitation absolue», tandis que les gardes à vue et les enquêtes préliminaires seront limitées aux «cas les plus graves». Le Parquet de Paris fonctionne en mode «dégradé»: sont prioritaires les interpellations en flagrant délit. Les convocations sur dossiers seront quant à elles reportées. Reste à espérer que ces ralentissements ne seront pas une incitation aux délits et aux crimes.