Pour cela, Nabil Mouline a opté pour l’animation: des dessins montés, animés et qu’il n’hésite pas à faire parler. En commentaire, on reconnaît la voix du chercheur lui-même, en arabe classique avec, pour les non-arabophones, des sous-titres en français ou, à l’occasion, en d’autres langues.
Barghwata: l’émirat amazigh oublié
— Nabil Mouline نبيل ملين (@moulinen) July 25, 2019
Le nouvel épisode de #ON_RACONTE_QUE revient sur un des pans marginalisés de l’histoire du #Maroc: l'émirat de #Barghwata et son système religieux syncrétique.
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«Dans un pays comme le Maroc, la culture en général et la connaissance historique en particulier sont considérées comme des produits de luxe, exclusifs. Ces produits constituent un capital social non négligeable monopolisé par une toute petite minorité à différentes fins, notamment politiques», explique à Sputnik le politologue Nabil Mouline.
Sitôt publiées, les vidéos rencontrent un franc succès avec une moyenne de 500.000 vues chacune sur Facebook et YouTube. Des chiffres qui confirment que les Marocains sont curieux et souhaitent en savoir plus sur leur pays, leur identité et leur histoire.
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— Anas Mezzour (@AnasMezzour1) February 1, 2019
التاريخ اللي ماقراوناش...
د. محمّد نبيل مُـلين Mohammed Nabil Mouline ينشر أوّل تاريخ افتراضي للمغرب.
يسعى هذا المشروع الطّموح، الذي يحمل عنوان "يُـقال إنّ" ويتكون... https://t.co/CCoQ9gORlo
«L’histoire que l’on ne nous pas enseignée. Le Dr Mohamed Nabil Mouline diffuse pour la première fois une histoire virtuelle du Maroc. ‘On raconte que’ est un projet ambitieux qui prend forme», témoigne cet internaute.
«L’histoire que l’on ne nous a pas enseignée»
Face à un système éducatif étatique de plus en plus critiqué, un espace culturel obsolète et un accès à l’information de plus en plus compliqué, Internet est plus que jamais le seul moyen pour des milliers, si ce n’est des millions de personnes, d’apprendre un peu plus.
«L’expérience de la première saison (six épisodes mis en ligne entre janvier et juin 2019) révèle un véritable engouement des Marocains, particulièrement les 17-35 ans, pour leur histoire. Pas moins de trois millions et demi de vues ont été ainsi comptabilisées sur Facebook et YouTube», se félicite Nabil Mouline.
Dans sa troisième vidéo, le chercheur Nabil Mouline propose de revenir aux origines du Makhzen, terme désignant à la fois le pouvoir représenté par la monarchie marocaine mais aussi ses pratiques et ses caractéristiques.
La série de vidéos se positionne comme un travail inédit au Maroc. Pour le chercheur, fondateur de la toute nouvelle association «Incha’», l’organisme qui a initié le projet «On raconte que», l’histoire officielle est une «histoire tronquée, simpliste, linéaire et exclusive».
«La plupart des discours qui ont été tenus sur le passé du Maroc depuis le Moyen Âge peuvent être rangés dans les registres mémoriel ou/et apologétique. Un grand nombre de compilateurs de ces récits se donnent pour mission, consciemment ou inconsciemment, de juger les acteurs de l’histoire. En dénigrant les uns et en glorifiant les autres, ils se placent au service de leur tribu, de leur secte, de leur corporation ou du pouvoir dont ils dépendent», explique Nabil Mouline.
Le succès des vidéos est par ailleurs facilement compréhensible lorsqu’on a à l’esprit les chiffres du Haut-commissariat au plan. Près de 0,3 % des Marocains consacrent du temps à la lecture avec 2 minutes par jour comme moyenne nationale de lecture. «En revanche, 70 % des Marocains puisent l’essentiel de leur culture dans les médias audiovisuels, particulièrement sur Internet», détaille Nabil Mouline. Une niche pour ceux qui veulent prendre d’assaut les plateformes digitales et aller à contre-courant des outils de transmission traditionnels qui s’avèrent insuffisants pour toucher le plus grand nombre.
«Ce discours, banal en apparence, cache un enjeu politique de taille: empêcher, ou du moins retarder, la construction d’une identité fédératrice permettant de nier l’existence de la nation/peuple souverain afin de continuer à jouir de larges prérogatives», poursuit le chercheur.
Question financement, à l’heure actuelle, le chercheur puise dans ses fonds privés, en attendant de trouver des sponsors.