Selon les documents publiés par le Néerlandais Max van der Werff, journaliste et auteur d’un documentaire sur le crash du Boeing malaisien près de Donetsk en 2014, qui effectuait le vol MH17, le service de renseignement militaire (MIVD) des Pays-Bas n’a pas identifié un seul système antiaérien Bouk qui pourrait avoir été impliqué.
Le journaliste a exposé ses idées dans un article intitulé «Pourquoi le crash du MH17 n’a-t-il pas été correctement étudié?»
Sur son site, il a rendu publics des documents du Groupe d’enquête conjoint, dont une lettre du département juridique du service de renseignement militaire des Pays-Bas adressée au parquet national. D’après ce texte, le MIVD a vérifié si les systèmes Bouk étaient impliqués dans le crash.
11 Bouk mentionnés dans le document
Le texte fait état de 11 localisations de Bouk (8 ukrainiens et 3 russes) en juin et juillet 2014. Selon les données du renseignement, les 11 systèmes, dont la portée maximale est de 42 kilomètres, se trouvaient à une distance d’au moins 66 kilomètres et les Bouk identifiés comme russes étaient déployés en Russie.
«Étant donné les données citées, il devient évident que le vol MH17 n’était pas accessible depuis les endroits, en Ukraine et en Russie, où étaient déployés les systèmes Bouk», indique le document.
Le journaliste s’est posé la question de savoir si Kiev n’avait pas déplacé une seule fois ses systèmes de défense antiaérienne pendant l’opération dans le Donbass.
«Est-ce probable, en prenant en considération le fait que le 12 juillet 2014 [à quelques jours du crash, ndlr.] les forces de défense antiaérienne ukrainiennes étaient mises en état d’alerte?», s’interroge-t-il.
Les doutes du journaliste
Max van der Werff a cependant noté que d’après le document et en tenant compte du lieu de déploiement des systèmes identifiés et de la vitesse avec laquelle ils pouvaient être déplacés, il était peu probable qu’un Bouk-M1 des forces armées ukrainiennes puisse se retrouver dans une zone d’où il pouvait atteindre le Boeing.
En analysant les faits, il a conclu que le 21 septembre 2016, à une semaine de la conférence de presse du groupe d’enquête, le renseignement militaire n’avait pas reçu d’informations dignes de confiance confirmant qu’un Bouk russe aurait traversé la frontière ukrainienne pendant le conflit.
«Cela nous pose une nouvelle fois la question du titre de l’article, celle de savoir si le crash a été correctement étudié. En me basant sur l’analyse réalisée au cours de ces dernières années, j’en doute, et les documents du renseignement militaire ne font qu’augmenter ces doutes», a résumé le journaliste.
Crash du vol MH17
Un Boeing 777 malaisien effectuant le vol MH17 Amsterdam-Kuala Lumpur s’est écrasé le 17 juillet 2014 dans le Donbass. Les 298 personnes qui se trouvaient à bord ont été tuées. Kiev a accusé les forces du Donbass d’avoir abattu l’avion, mais ceux-ci ont répondu qu’ils ne possédaient pas d’armes ayant une telle portée.
Le procureur général adjoint russe, Nikolaï Vinnitchenko, a déclaré que la partie russe avait remis aux Pays-Bas des documents et des données de radars russes témoignant que le missile du système Bouk ayant abattu le Boeing appartenait à l’Ukraine. Les enquêteurs n’ont pas pris en considérations ces informations.
Le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que ces accusations étaient gratuites et regrettables et que l’enquête était partiale.
Réaction du Kremlin à l’enquête du journaliste néerlandais
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré que l’enquête menée par Max van der Werff sur le vol MH17 confirmait la justesse de la partie russe.
«Vous savez qu’à notre grand regret la Russie s’est vue refuser le droit de participer au groupe d’enquête international. Voilà pourquoi nous avons toujours été sceptiques et méfiants aux conclusions précipitées qui n’étaient pas basées sur une approche sérieuse. Cette information confirme une nouvelle fois que la partie russe a raison», a-t-il fait savoir.