Selon un sondage réalisé par le Pew Research Center, la Turquie est le pays membre de l’Otan dont la population approuve le moins les activités de cette structure. Ainsi, environ 55% des Turcs ne sont pas enclins à soutenir l’Alliance atlantique. Les raisons de cette attitude négative envers l’Otan ont été commentées dans une interview à Sputnik par Hilmi Dasdemir, dirigeant de la société turque Optimar d’étude de l’opinion publique.
«La raison principale de la croissance de cette courbe négative se situe dans l’établissement, au sein de l’opinion turque, d’un lien entre des organisations terroristes comme le mouvement Gülen et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et l’Otan, ainsi que dans les déclarations de hauts responsables de l’Alliance qui justifient les militaires turcs accusés d’avoir tramé un coup d’État en 2016», a-t-il indiqué.
Par ailleurs, il a évoqué les intérêts nationaux de la Turquie et «l’absence dans la population du sentiment que l’Otan soutient l’un de ses pays membres dans le domaine de la garantie de la sécurité nationale», a poursuivi Hilmi Dasdemir.
L’opération turque en Syrie
Selon lui, l’Alliance a pratiquement abandonné et laissé seule la Turquie en Syrie.
«La Turquie ne s’est pas vu livrer le système de missiles sol-air Patriot dont elle avait grandement besoin. Par la suite, les systèmes de DCA qui stationnaient déjà à la frontière méridionale du pays ont été retirés, ce qui est resté gravé dans la mémoire du peuple turc», a-t-il fait remarquer.
L’axe syrien n’est pas le seul sur lequel la Turquie n’a pas été soutenue par l’Otan.
Ainsi, il a relevé l’absence d’approbation quant à «la prospection d’hydrocarbures en Méditerranée orientale, ce qui a généré la croissance d’une attitude négative des Turcs envers l’Alliance».
Les S-400 russes
D’ailleurs, c’est l’Otan qui a de facto obligé Ankara à se doter de systèmes de missiles russes S-400 pour assurer la protection de son territoire, a déclaré il y a une quinzaine de jours le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu, cité par le journal saoudien Asharq Al-Awsat.
Recep Tayyip Erdogan avait pour sa part demandé à Washington de livrer à la Turquie les avions furtifs F-35 qu’elle avait commandés ou de lui rembourser l’argent investi.
L’ambiance était déjà électrique entre les deux parties au sommet des 70 ans de l’Alliance atlantique, les 3 et 4 décembre 2019 à Watford, près de Londres, notamment au sujet de l'opération d’Ankara dans le nord-est de la Syrie.