Les Américains ne peuvent pas empêcher l’Irak d’acheter des systèmes S-400 à la Russie, mais ils peuvent durcir les sanctions actuelles anti-irakiennes, estime le politologue et spécialiste militaire russe Ivan Konovalov.
Les relations irako-américaines au plus bas
«À l’heure actuelle, les relations entre l’Irak et les États-Unis se sont dégradées suite à l’assassinat de Qassem Soleimani lors d’une opération que les Américains ont lancée sur le territoire de l’Irak qui avait réagi, en exigeant des unités américaines qu’elles se retirent du pays», poursuit l’expert.
«Les évolutions actuelles autour d’un achat éventuel par l’Irak de S-400 à la Russie ne font qu’aggraver la situation. Si les Américains essaient d’empêcher cet achat, en fermant notamment les comptes bancaires irakiens en dollars, […] l’Irak pourra passer aux règlements en monnaies nationales, comme cela se fait d’ores et déjà en Inde et en Chine et se prépare en Turquie. Les États-Unis pourraient aussi accroître leur pression sectorielle sur l’Irak, mais ils devraient alors en retirer leurs troupes pour de bon.
Et si les Américains se retirent d’Irak, ils devront reconnaître que leur intervention en 2003 a été réalisée en vain, que leurs soldats sont morts pour rien, que tout ce qui s’est produit pendant tant d’années était inutile», résume M.Konovalov.
Les Irakiens n’auraient encore rien décidé
L’analyste stratégique irakien Wasiq al Hashimi relève pour sa part que les Irakiens devraient peser les «pour» et les «contre», la question de l’achat d’armements étant très complexe et étroitement liée à la politique.
«L’Irak a une grande armée, mais la question des livraisons et des achats [d’armements, ndlr] n’est toujours pas réglée. […] Les discussions sur l’acquisition de S-300 et S-400 ne datent pas d’hier, mais à cause de pressions américaines le contrat n’a pas été signé. […] Il est évident que de telles questions demandent une multitude de négociations et de concertations, ainsi que du temps», conclut M.Hashimi.
Une opération US en Irak
Le général iranien Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods, unité d'élite des Gardiens de la révolution, et Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux de la milice irakienne Hachd al-Chaabi, ont été tués dans la nuit du 2 au 3 janvier lors d’une opération aérienne spéciale menée par le Pentagone près de l’aéroport de Bagdad.
Réuni dimanche en session extraordinaire, le parlement irakien a appelé au renvoi des troupes de la coalition internationale, sous commandement des États-Unis. Plus de 5.000 militaires américains sont actuellement déployés en Irak.