La CGT menace de bloquer toutes les raffineries en France entre le 7 et le 10 janvier. Un mouvement qui donnerait de l’écho à la grève qui frappe celle de Grandpuits, qui alimente la région parisienne, depuis le 5 décembre dernier. Un mouvement qui n’a pour l’instant pas d’impact dans la capitale, où l’on ne constate pour le moment aucune pénurie d’essence à la pompe.
«La convergence des luttes avec les Gilets jaunes est assez inédite actuellement sur place. En 2016 et 2010, on n’avait pas connu ça. Ça permet de rebooster les motivations,» se réjouit au micro de Sputnik Paul Feltmann, élu CGT au Comité social et économique de l’entreprise.
En mai 2016, six raffineries sur huit étaient à l’arrêt ou tournaient au ralenti dans le cadre de la lutte contre la loi Travail, durant laquelle la CGT avait appelé «au blocage progressif des produits pétroliers». À l’époque, le gouvernement Valls a eu recours à l’envoi de forces de l’ordre pour libérer les sites pétroliers. Même scénario qu’en 2010 quand les raffineries, devenues les bastions de la grève contre le report de l’âge légal de départ à la retraite voulu par Sarkozy, avaient été débloquées par les CRS.
«Les délégués syndicaux et les représentants du comité des grévistes dorment sur place. Tout comme l’usine qui fonctionne 24 h/24 et 7 j/7, on reste sans bouger, précise pour Sputnik Paul Feltmann. On a monté des tentes pour que les grévistes puissent se mettre au chaud, boire un café et manger une madeleine. Ça permet de maintenir un piquet de grève actif».
Les syndicats ont informé les médias qu’«on a décidé de reconduire le mouvement jusqu’à vendredi prochain, 14 heures: ni sortir de produits des raffineries, ni approvisionner les dépôts de carburant pendant 96 heures». Lors d’une réunion de coordination, on a appris qu’un certain nombre de raffineries a également répondu positivement à cet appel. Par contre, n’«étant pas spécialiste de la distribution du carburant», Paul Feltmann ne se risque pas à des pronostics fiables concernant l’approvisionnement des stations d’essence.
«Non seulement on durcit notre mouvement, mais on montre au gouvernement que toutes les raffineries sont conjointes dans la lutte. Nous ne sortirons pas les produits, mais n’arrêterons pas les installations de l’usine. Ça fait monter la pression, mais ce sont les grévistes qui décideront s’ils veulent aller jusqu’à l’arrêt total», précise Paul Feltmann.
L'élu du personnel rappelé que «l’enjeu de la grève n’est pas la pénurie d’essence» et que «le droit de grève est constitutionnel». On n’a pas tardé à apercevoir des personnalités politiques sur le site.
La venue du leader de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, accompagné du député Éric Coquerel et d’Olivier Besancenot, à la raffinerie Total de Grandpuits, pour soutenir les salariés en grève, a été appréciée des grévistes.
«Quand il y a des gens de cette envergure qui viennent écouter, ça met la lumière sur notre mouvement. Puis, connaissant des plannings chargés des hommes politiques qui viennent nous voir et nous soutenir, nous serrer la main et discuter avec nous, ça a une importance particulière», assure Paul Feltmann.