Dans un message publié sur son compte Twitter, l’ex-directeur de la chaîne d’information qatarie Al Jazeera, Yasser Abou Hilalah, a accusé le Maroc d’avoir soutenu le terrorisme en Algérie durant la décennie noire des années 1990. Il a également indiqué que les deux pays ruinaient leurs capacités en se faisant indirectement la guerre par procuration en soutenant le Front Polisario pour l’Algérie et les berbères pour le Maroc.
أكثر من ذلك المغرب دعم الجيا، الجماعة الإسلامية المسلحة الإرهابية
— ياسر أبوهلالة (@abuhilalah) December 15, 2019
ليس مهما الاعتذار، #الجزائر و #المغرب استنزاف عبثي، الجزائر تدعم الانفصاليين الصحراويين والمغرب يدعم الانفصاليين الأمازيغ. بإمكان البلدين حل الإشكال بما يحافظ على وحدة التراب واحترام التنوع الثقافي https://t.co/mpYqEjudwu
— ياسر أبوهلالة (@abuhilalah) December 15, 2019
«Le Maroc est impliqué dans l’appui au Groupe islamique armé (GIA)», écrit-il sur son compte Twitter.
Par ailleurs, l’ex-patron d’Al Jazeera ajoute que les deux pays se font «une guerre d’usure». «Il est inutile de demander pardon. L’Algérie soutient les extrémistes sahraouis et le Maroc défend les amazighs», souligne-t-il, indiquant que «les deux nations pourraient mettre fin à la problématique à travers le respect de la diversité culturelle».
Quelques témoignages de poids
Selon l’auteur, M.Basri a reconnu que «le Maroc avait comploté contre l’Algérie»: «livraison d’armes aux rebelles kabyles, neutralité "active", […], lors de la guerre civile, etc». L’ex-ministre avait ajouté que «l’Algérie a fait de même», rappelant le conflit du Sahara et l’attentat de l’hôtel Atlas-Asni, à Marrakech en 1994, dont les autorités algériennes ont nié toute implication.
Cependant, face à ces déclarations, aucun élément matériel prouvant l’implication du Maroc de près ou de loin dans le soutien au terrorisme en Algérie n’a été mis en évidence, ni d’un côté ni de l’autre.
L’épisode Abdelhak Layada, ex-chef du GIA
Le Groupe islamique armé (GIA) est une organisation terroriste d’idéologie salafiste créée au début des années 1990, dont l’un des fondateurs est Abdelhak Layada.
Dans ses mémoires, intitulées Recueil des Mémoires du général Khaled Nezzar, ce dernier qui occupait au moment des faits le poste stratégique de chef d’état-major de l’armée algérienne et de ministre de la Défense nationale, a raconté les négociations qui ont eu lieu avec les autorités marocaines pour obtenir l’arrestation et l’extradition de Layada.
Suite à sa localisation dans un hôtel à Oujda pour «se procurer des armes», le général Nezzar affirme avoir appelé le ministre de l’Intérieur marocain Driss Basri et discute avec lui de la situation sécuritaire sans mentionner le cas de Layada. C’est le général Smaïn Lamari, ex-chef du contre-espionnage algérien, qui a été chargé par les autorités militaires algériennes de se rendre au Maroc afin d’informer les autorités de la présence du chef du GIA.
À l’issue de l’entrevue, le roi avait ordonné à son ministre à l’Intérieur de faire le nécessaire pour remettre Layada à l’Algérie. Le 29 septembre 1993, le chef militaire du GIA était officiellement remis aux services de renseignement algériens.
Excepté cet épisode, le général Nezzar, qui était aux commandes de la lutte antiterroriste en Algérie à cette époque, n’a fait dans ses mémoires mention d’aucune preuve matérielle tangible attestant de l’implication du Maroc dans un soutien logistique ou financier aux terroristes algériens.
Par contre, les autorités algériennes ont toujours pointé du doigt les liens entre les réseaux de trafic de drogues et de contrebande et les organisations terroristes actives au Sahel et au Maghreb.
Les relations algéro-marocaines
Réaffirmant la position algérienne de soutien à l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions de l’Onu, le Président algérien a estimé «que cette question ne devait pas être un obstacle pour la reprise de relations normales entre l’Algérie et le Maroc».
Auparavant, le roi Mohammed VI avait proposé aux autorités algériennes la création d’un mécanisme de dialogue bilatéral pour la résolution des problèmes qui entravent les relations de bon voisinage entre les deux pays dans le cadre d’un dialogue «franc et direct».