Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a dénoncé l’intention de Washington de sanctionner le gazoduc Nord Stream 2, relevant sur Twitter que «la politique énergétique européenne est décidée en Europe et non aux États-Unis». Selon lui, Berlin rejette «par principe les interventions et les sanctions extérieures ayant des effets extraterritoriaux».
L’Europe doit décider elle-même
«Les décisions en matière de politique énergétique européenne doivent être adoptées en fonction des intérêts européens. […] La Russie est devenue un partenaire important pour l'Allemagne et l'ensemble de l'Europe, tout particulièrement en matière de politique énergétique. L'Europe dépend fortement des importations de gaz, et un accord avec la Russie est raisonnable», a déclaré à Sputnik Joachim Paul, député de Rhénanie-Palatinat et vice-président du groupe parlementaire de l’AfD en Rhénanie-Palatinat.
La souveraineté de l’UE en jeu
Par ailleurs, il rappelle que la Chambre des représentants et le Sénat américains ont convenu lundi 9 décembre du budget Défense prévoyant de sanctionner les entreprises impliquées dans les projets de gazoducs Nord Stream 2 et Turkish Stream «parrainés par la Russie».
«Je pense que lesdites sanctions seront introduites sous peu et viseront très probablement les entreprises impliquées dans la construction de Nord Stream 2», poursuit le parlementaire.
Il n’exclut également pas qu’une guerre tarifaire puisse éclater.
S’agirait-il de contre-mesures à de nouvelles sanctions?
«Il reste à voir comment l'Allemagne réagira à ces sanctions. Si l'Allemagne décide d'introduire des tarifs sur les produits américains à titre de contre-mesures, cela pourrait probablement se terminer par une guerre tarifaire», note M.Paul.
Il ajoute qu’au cours des dernières années, les relations américano-européennes se sont refroidies.
«Traiter l'Europe comme un partenaire signifie entre autres prendre l'Europe plus au sérieux. Cela comprend le respect des politiques européennes, notamment en matière de politique énergétique», résume-t-il.
La Commission des forces armées de la Chambre des représentants et le Comité des forces armées du Sénat américain ont adopté le budget Défense pour l’année fiscale 2020. Il prévoit notamment des sanctions contre les gazoducs Nord Stream 2 et Turkish Stream, dans le cadre des mesures visant à contenir la Russie et sous prétexte d’assurer la «protection» de la sécurité énergétique européenne.