Emmanuel Macron a souhaité établir un dialogue stratégique avec la Russie dans le cadre de sa politique qui vise à redonner du poids à l’Europe, a déclaré à Sputnik Alexeï Pouchkov, membre du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe).
«Au XXIème siècle, où sera l’Europe entre les trois géants: la Russie, la Chine et les États-Unis? [Emmanuel Macron] considère qu’au moment où le rôle des États-Unis diminue et celui de la Chine grandit, la Russie est un partenaire naturel. Pas un allié, mais un partenaire […] si l’Europe veut retrouver un rôle de premier plan sur la scène internationale», a indiqué le sénateur.
Selon lui, le Président français «comprend que la Russie donnera un poids supplémentaire à l’Union européenne» à une époque où les Européens n’arrivent pas à s’imposer dans de nombreux dossiers internationaux importants.
Comment nouer un dialogue avec Moscou?
Selon le sénateur russe, l’UE et la Russie peuvent «trouver un bon terrain d’entente sur toute une série de questions», notamment sur la crise coréenne et le dossier iranien, mais pour ce faire, l’Europe doit évoluer.
Le partenariat franco-russe pourrait s’élargir dans la mise en place des accords de Minsk qui visent à mettre un terme à la crise dans le sud-est de l’Ukraine.
«Je pense que la reprise du processus de Minsk est un des domaines où la Russie et la France peuvent collaborer plus largement que par le passé», a estimé l’homme politique.
Une autonomie militaire européenne, est-elle possible?
En novembre, Emmanuel Macron avait déclaré dans une interview à The Economist, que l’Otan se trouvait en état de «mort cérébrale», provoquant une pluie de critiques et relançant le débat sur la finalité stratégique de l’Alliance. En 2018, le chef d’État français s’était prononcé en faveur de la création d’une armée européenne.
«Je crois que c’est une idée utopique», a-t-il estimé.
Toutefois, à une époque où l’Amérique se referme sur elle-même, «pense moins à ses alliés et, plus globalement, diminue même progressivement sa présence en Europe», les Européens devraient trouver une solution.
«Merkel, c’est une époque révolue»
Pour renforcer ses positions, l’Europe devrait trouver de nouvelles relations mutuelles et c’est ce que fait M.Macron, a noté M.Pouchkov, comparant le dirigeant français à la chancelière allemande Angela Merkel:
«Merkel, c’est une époque révolue dans tous les sens. C’est-à-dire qu’elle conçoit la puissance de l’Europe en se référant au passé, en considérant les éléments qui lui assuraient sa puissance par le passé. Mais, dans l’avenir, ces mêmes éléments ne vont pas automatiquement jouer un rôle».
Rôle de l’Europe sur la scène internationale
De l’avis du sénateur russe, M.Macron comprend que l’Europe, qui «reste évidemment un géant économique, a un rôle politique fortement réduit dans le monde actuel».
L’UE est notamment «très peu visible en Syrie», ne joue aucun rôle dans le règlement de la crise coréenne et a récemment été contrainte de s’effacer dans la crise iranienne pour éviter un conflit avec Washington après l’adoption de nouvelles sanctions contre Téhéran, a-t-il rappelé.
«Macron est à juste titre irrité, les événements n’évoluant pas dans le sens qu’il souhaite. Il faudrait que l’Europe retrouve sa place sur l’échiquier international. Tant qu’elle restera simplement l’allié automatique des États-Unis, personne ne s’intéressera à son opinion», a noté M.Pouchkov.
«Dans l’ensemble, je considère que les idées de Macron sont bonnes pour l’Europe parce qu’il sent qu’elle s’est engagée dans une impasse. Les autres sont prêts à vivre dans cette impasse. Mais c’est un dirigeant jeune, dynamique et il dit: "Non, nous devons en sortir"», a conclu le sénateur.