Le ministère allemand des Affaires étrangères a annoncé ce mercredi 4 décembre sa décision d’expulser deux employés de l'ambassade de Russie à Berlin déclarés personae non gratae.
Selon un communiqué de ministère, avec cette mesure le gouvernement fédéral répond aux autorités russes qui, «malgré des demandes répétées», «n'ont pas suffisamment participé à l'enquête sur le meurtre de Tornike K. le 23 août 2019 dans le Tiergarten à Berlin».
Le gouvernement allemand souligne à son tour que les diplomates doivent quitter le pays «avec effet immédiat».
Comme l’indique le Spiegel, l’ambassadeur russe à Berlin Sergueï Nechaev a reçu une note appelant les autorités de son pays à coopérer avec le parquet fédéral allemand qui s'est saisi de l'enquête ce mercredi.
D’après le parquet, chargé des affaires d'espionnage, le meurtre de Tornike K., Géorgien issue de la minorité tchétchène du pays, a été commis «soit pour le compte d'entités étatiques de la Fédération russe, soit pour le compte de la République autonome tchétchène».
La réaction de Moscou
La diplomatie russe a déjà qualifié la décision de Berlin concernant ses diplomates d'«inamicale» et d'«infondée». Elle a également jugé «politisée» son attitude dans cette affaire.
Le vice-président de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération, Andreï Klimov, a indiqué à Sputnik que la Russie était obligée de prendre des mesures réciproques.
«Il existe une pratique internationale qui n’a pas été inventé par nous et qui prévoit, en règle générale, l'expulsion du même nombre de diplomates. La Russie a donc toutes les raisons de le faire», a indiqué M.Klimov.
L’ambassadeur russe à Berlin s’exprime
L’ambassadeur de Russie à Berlin a confirmé l’expulsion des deux diplomates russes, regrettant profondément cette décision.
«Il n'y a aucune preuve de l'implication du gouvernement russe dans cet incident. Il s'agit non seulement d'une politisation non motivée du crime, l'enquête n'étant pas terminée, mais aussi d'une tentative évidente d'anticiper les résultats de celle-ci», a indiqué Sergueï Nechaev dans un communiqué.
Meurtre à Berlin
Le 23 août, un citoyen géorgien de 40 ans a été tué de trois balles par une arme avec silencieux dans le Tiergarten à Berlin. Selon le journal Berliner Kurier, l'homme a été mortellement blessé à la tête. Quelques jours plus tard, la police a arrêté un Russe de 49 ans. Le parquet a déclaré avoir trouvé sur lui l'arme du meurtre. Le Spiegel, qui cite les enquêteurs, a écrit que le meurtre avait été «planifié et exécuté par des professionnels», soulignant que le commanditaire pouvait être issu soit du monde criminel, soit des renseignements d'un État étranger.
Le 30 août, le même média a publié des documents indiquant que le suspect pouvait être un agent des services spéciaux russes. Des journalistes du Spiegel prétendent que le nom du suspect mentionné sur des documents d'obtention d'un visa ne figure pas dans les bases de données russes. En outre, selon les journalistes, son numéro de passeport renvoit au ministère russe de l'Intérieur qui «avait déjà délivré des documents aux officiers du renseignement militaire du GRU». Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement allemand, a par la suite déclaré que les autorités «avaient pris en considération des informations des médias».
Par le passé, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a nié à plusieurs reprise l’implication de la Russie dans ce meurtre