Tout est parti d’une discussion sur Whatsapp, en septembre 2017. Alors qu’il échange avec un ami, les émoticônes de l’application de messagerie instantanée retiennent son attention.
«Je considérais les émojis et je me suis dit que je pouvais utiliser mes compétences pour en créer également qui se rapprochent de nos réalités locales», confie O’Plérou Grebet à Sputnik.
Il se lance dès lors un défi: celui de créer et de publier chaque jour de l’année 2018 une émoticône inspirée des cultures africaines.
Titulaire d’un baccalauréat littéraire, O’Plérou Grebet, 22 ans, a suivi un cursus à l'école des Beaux-Arts de l'Institut national supérieur des arts et de l'action culturelle (Insaac). Il a ensuite suivi une formation en infographie et développement web à l'École des Arts et images numériques de l'Institut des sciences et techniques de la communication (ISTC-Polytechnique) d’Abidjan. Là-bas, il a appris les bases de l'art digital et à utiliser le logiciel qui lui sert pour ses créations.
Son premier émoji, publié sur Instagram et représentant un plat de foutou (purée de banane plantain et de manioc, un mets prisé en Côte d’Ivoire) retient aussitôt l’attention des internautes. Et peu à peu, ils ont commencé à affluer, toujours plus nombreux, sur les différents comptes en ligne du jeune graphiste pour le suivre dans son périple digital.
«Je savais que l’idée plairait mais pas à ce point. Et je ne pensais pas que cela intéresserait autant les médias», déclare-t-il.
Les émoticônes d’O’Plérou Grebet, les «Zouzoukwa» comme il les a baptisés (mot qui signifie «image» en bété, une ethnie du sud-ouest de la Côte d'Ivoire dont il est originaire, ndlr) invitent au voyage, racontent une histoire ou évoquent des souvenirs en suscitant une certaine nostalgie. Si les Africains reconnaissent aisément à travers les Zouzoukwa certains aspects de leur quotidien, les non-Africains peuvent, quant à eux, découvrir la culture du continent au gré des émojis regroupés en catégorie sur l’application.
En mars 2018, la créativité d’O’Plérou Grebet et son impact sur les internautes lui a valu de remporter le prix Jeunes Talents aux Adicom Awards qui récompensent le talent et l’innovation dans la communication digitale en Afrique.
Cette consécration lui ouvre la porte à plusieurs collaborations. Notamment avec Canal+ pour qui il réalise des émojis publiés par la chaîne de télévision française sur ses réseaux sociaux à l’occasion de la Coupe du monde de 2018, puis de la Coupe d’Afrique des nations de football de 2019.
mini communiqué pic.twitter.com/gVYEoAEySS
— O'Plérou (@OPlerou) 3 janvier 2019
Pour soutenir le jeune créateur dans son travail, une agence de communication digitale lui a offert en janvier 2019 un MacBook afin de lui permettre de concevoir la version iOS de ses émojis, jusque-là seulement disponibles sur Android.
#Zouzoukwa N°365/365 : Zaouli 🇨🇮🇨🇮🇨🇮
— O'Plérou (@OPlerou) 31 décembre 2018
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L'application de stickers compatible avec whatsapp est disponible pour Android (: https://t.co/26REe6KfUd
(la version iOS suivra) pic.twitter.com/FkVto0nDyn
Lancée fin décembre 2018, l’application Zouzoukwa d’O’Plérou Grebet est donc désormais disponible sur iOS et Android et totalise plus de 100.000 téléchargements. Cet engouement remarquable a d’ailleurs suscité des convoitises dès le lancement de l’application qui s’est fait rapidement plagier.
[BREAKING NEWS] Votre mobilisation a payé : l'app mobile qui avait copié le contenu de l'app mobile du jeune ivoirien O'Plérou a été supprimée sur Playstore. #DontMessWithCyberActivism https://t.co/6L7Kub4bpQ
— Edith Brou (@edithbrou) 5 janvier 2019
L’un des plus grands rêves d’O’Plérou Grebet est que ses créations puissent intégrer la culture populaire, changer l'image de l'Afrique et inspirer d'autres jeunes à utiliser leur créativité pour valoriser le continent.
Aux jeunes Africains, il donne justement volontiers le conseil suivant: «Toujours croire en son projet, ne pas hésiter à se lancer et surtout utiliser les réseaux sociaux comme canaux en identifiant sur les publications des personnes pouvant être intéressées.»