Depuis l’élection fédérale canadienne en octobre dernier, qui a vu Justin Trudeau reconduit à son poste de Premier ministre avec un gouvernement minoritaire, un nouveau mouvement séparatiste prend de l’ampleur. On l’appelle «Wexit», mot-valise de «west» et «exit» (Ouest et «sortie», en anglais).
Sheila Copps a servi comme vice-Premier ministre lors du mandat du Premier ministre Jean Chrétien, du Parti Libéral. Elle a également occupé les postes de ministre de l’Environnement et ministre du Patrimoine. Pour elle, la motivation du mouvement est évidente:
«C’est plutôt un outil pour les pro-pétroliers d’essayer de détourner la politique environnementale du gouvernement de Monsieur Trudeau.»
Sheila Copps explique que le Parti Conservateur, dominant dans la province pétrolière de l’Alberta, n’a pas approuvé le moindre projet pétrolier lors du mandat du l’ancien Premier ministre Conservateur, Stephen Harper, puisqu’ils n’ont pas adhéré aux règles environnementales du pays. Elle estime que la chute des prix du pétrole est aussi responsable de la frustration exprimée dans les provinces pétrolières. Cependant, Copps relativise la souffrance en Alberta:
«C’est toujours une province riche, sauf qu’elle est moins riche qu’elle ne l’était. Et vous rendez à Calgary, vous allez voir plus de 4x4 que dans n’importe quelle autre ville du Canada.»
«Ils vont poursuivre le pipeline Trans Mountain, qui va au moins aider les prix à monter un petit peu en Alberta et au Saskatchewan. Maintenant, tous les produits de ces investissements devraient être affectés à l’économie verte. On devrait essayer d’opérer une transition vers l’économie verte dans ces régions.»
Pourrait-il y avoir un financement occulte qui tire les ficelles du mouvement? Copps explique que Élections Canada enquête déjà sur de tels phénomènes:
«Il y avait un organisme qui s’appelle Canada Proud, qui s’est fait enregistrer et a créé quatre filières. Ça a débuté en Alberta, puis au Saskatchewan, en Terre-Neuve, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Et l’argent venait en majorité de la Manning Foundation, mais l’opération était censée être dirigée contre les Libéraux pendant l’élection.»
«L’huile de schiste que l’Alberta vend aux États-Unis est moins chère parce qu’elle n’est pas raffinée et il y a même des producteurs d’huile au Texas qui soutiennent des écologistes américains pour que ça ne change pas au Canada, parce qu’ils aiment acheter l’huile bon marché.»
Est-ce que le Canada est donc trop dépendant de son voisin? D’après Copps, «ça a toujours été un problème que le Canada mise beaucoup sur le commerce avec les États-Unis». Voilà comment elle voit la relation entre le Canada et les États-Unis de Donald Trump:
«L’ère du Trumpisme aux États-Unis a tellement créé de l’instabilité que les alliés des États-Unis n’ont plus confiance. Par exemple, quand Trump était avec le dictateur de la Corée du Nord, il a dit qu’il était fantastique alors que M. Trudeau, son allié depuis des années, était faible.»