La révolte ne s’essouffle toujours pas en Iran depuis l'annonce d'une hausse du prix à la pompe le 15 novembre dernier. Dans un entretien accordé en exclusivité à Sputnik, Ali Rabei, porte-parole du gouvernement iranien, a commenté la situation et expliqué pourquoi une telle décision a été adoptée.
«Lors d’une réunion du gouvernement, j’avais dit que ces troubles ne se poursuivraient pas plus de deux jours, mais j’ai constaté par la suite que les bornes entre la contestation citoyenne et la violence contre le peuple devenaient de plus en plus évidentes. La cruauté de la violence dans la rue et des troubles font entendre la voix de la contestation citoyenne. Néanmoins, sa marginalisation résulte des desseins malintentionnés des ennemis de l’Iran et des terroristes. La dualité de la contestation, c’est la dualité du dialogue social. Quoi qu’il en soit, nous insistons sur un dialogue avec tout le monde», a déclaré l’interlocuteur de l’agence.
Des mesures impopulaires
Et d’ajouter que le gouvernement s’était décidé à élever le prix de l’essence en raison d’une logique économique et par souci d’avantages sociaux à assurer.
«Le plan des subventions de l’essence pour des familles démunies consiste à contrôler la consommation du carburant. Il ne s’agit toutefois pas de combler le déficit du budget d’État, mais celui du budget destiné à soutenir les Iraniens faisant partie des couches les moins nanties de la société. Près de 60% des ménages iraniens ne possèdent pas de voitures, et la consommation d’essence d’une bonne partie de la population dans les villages et les petites villes ne dépasse pas 60 litres par moi. Ainsi, ce plan profite à ces deux groupes très importants de la population du pays, et avec le temps, ils constateront l’effet positif des quotas du carburant», a relevé le porte-parole.
Il signale que le taux de consommation d’essence est très élevé en Iran, et que ce combustible n’est pas du tout dépensé de façon proportionnelle.
«La philosophie des subventions consiste notamment à retirer aux riches des fonds excédentaires pour les distribuer parmi les pauvres. […] Le gouvernement a fait un pas justement dans cette direction», a résumé le responsable.
À l’origine des émeutes
L'Iran s'est embrasé à la suite de l’annonce de l'augmentation du prix de l'essence. Les personnes qui protestent depuis le 16 novembre contre la hausse surprise du prix du carburant ont incendié des banques dans plusieurs villes. Les autorités ont coupé l’accès à Internet dans le pays. Le prix du carburant a doublé en Iran, passant de 15.000 à 30.000 rials (de 11 à 22 centimes d’euros), sur décision du gouvernement.
Le prix de l’essence achetée dans le cadre du quota subventionné pour les particuliers a lui augmenté de 10.000 à 15.000 rials (de 8 à 11 centimes d’euros).
Selon les nouvelles règles, ce quota est égal à 60 litres d’essence pour les propriétaires de voitures, à 25 litres pour ceux de motos et à 400 litres pour les conducteurs de taxis.