La Russie vend les dollars de son Fonds du bien-être national

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La Russie a déjà significativement réduit la part de la monnaie américaine dans ses réserves de change, et c'est maintenant au tour du Fonds du bien-être national. Le dollar y représente actuellement 46% des fonds, mais le ministère des Finances s'apprête à diviser ce chiffre pratiquement par deux.

Selon les informations de début novembre, le montant des actifs du Fonds de bien-être national russe en dollars s'élevait à 45,4 milliards de dollars, soit 46% de l'ensemble des actifs de change. Selon les règles en vigueur du ministère russe des Finances, la part des placements en dollars dans la structure du fonds doit s'élever à 45%, autant en euros et 10% en livres.

Cependant, dès l'an prochain, ces règles vont changer. Comme l'a annoncé le vice-ministre russe des Finances Vladimir Kolytchev, la part du dollar diminuera progressivement jusqu'à 23,6% et il cédera sa place à l'euro et au yuan.

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Les analystes expliquent que c'est une décision stratégique sans aucun risque particulier: au contraire, elle minimise les risques extérieurs notamment de sanctions.

«Les États-Unis profitent du système financier établi à leurs fins politiques, c'est pourquoi les États dont la politique entre en contradiction avec celle de Washington réduisent leurs actifs en dollars. A long terme la monnaie américaine deviendra toxique, et pas seulement pour des raisons politiques», déclare Andreï Kotchetkov, analyste d'Otkrytie Broker.

Après la Banque centrale

En modifiant la structure du Fonds du bien-être national, le ministère russe des Finances suit l'exemple de la Banque de Russie. Rien qu'au deuxième trimestre 2018, le régulateur a investi dans les obligations de la Chine, du Japon et des pays de l'UE près de 100 milliards de dollars tirés de la vente des obligations du Trésor américain.

Entre le 31 mars 2018 et le 31 mars 2019, la part du dollar dans les actifs de la Banque centrale a été divisée par deux, passant de 43,7% à 23,6%. Désormais la part du yuan affiche 14,2% (contre 5% auparavant), et celle de l'euro 30,3% (contre 22,2%).

Les analystes de l'agence de presse Bloomberg affirment que la Russie a ainsi perdu près de 7,7 milliards de dollars de revenus potentiels. Le fait est que pendant que la Banque de Russie minimisait les risques de sanctions en investissant dans l'euro et le yuan, la monnaie américaine se renforçait peu à peu.

Cependant, ces pertes restent théoriques. La Banque centrale n'a pas l'intention d'accroître de nouveau son portefeuille d'actifs en dollars. En revanche, le yuan et l'euro semblent bien plus importants pour l'économie russe car l'Europe et la Chine sont les principaux partenaires extérieurs de la Russie.

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D'autant que les perspectives du dollar à long terme suscitent de plus en plus de doutes chez les spécialistes: les États-Unis n'étant pas capables d'honorer leurs dettes gigantesques. La baisse de la demande en obligations américaines et, par conséquent, la dévaluation considérable de la monnaie nationale, n'est qu'une question de temps.

«La Banque de Russie a été également critiquée pour ses investissements dans l'or, mais ces placements s'avèrent justifiés par une surévaluation positive permanente. L'or ne dépend d'aucune planche à billets et ne fait que prendre de la valeur sur l'horizon historique. Ainsi, la réduction de la part du dollar au profit d'autres actifs est une mesure justifiée, et à long terme elle est tout à fait rentable, même si de légères pertes peuvent être observées en l'espace de quelques mois», indique Andreï Kotchetkov.

Un instrument à long terme

Les économistes soulignent que le Fonds du bien-être national est un instrument à long terme appelé à garantir la stabilité des finances publiques. Son rôle ne consiste pas à rapporter un revenu permanent, par conséquent les pertes de quelques milliards «sur le papier» ne seraient pas à prendre en compte. Il est bien plus important d'écarter les risques systémiques:

«La pression par les sanctions peut tourner au blocage des comptes russes dans les banques américaines. C'est la raison de la diversification au profit des investissements en Europe et en Chine, même en dépit du rendement négatif», indique Oleg Bogdanov, analyste de QBF.

De plus, les facteurs qui affaiblissent le dollar se renforcent de jour en jour.

«Du point de vue des statistiques macroéconomiques, à moyen et à long terme la hausse des taux d'intérêt aux États-Unis, malgré l'opinion dominante, entraîne un affaiblissement de la monnaie américaine. Cela est dû à la hausse des risques d'inflation et de crédit aux États-Unis», précise Alexandre Ossine, analyste de Freedom Finance.
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