L’Afrique souffre actuellement d’une couverture médiatique insuffisante et doit œuvrer davantage à améliorer sa réputation en Europe et à travers le monde, a estimé au micro de Sputnik Stuart Thomson, responsable des affaires publiques chez BDB Pitmans, qui s'exprimera lors du forum MEDays 2019 sur le thème «Communication, marketing et élections: le grand hold-up médiatique?».
Peuvent mieux faire
«La couverture des affaires étrangères est généralement assez médiocre, de même que des affaires intérieures, surtout quand il y a tant de problèmes au sein même de l’Europe. Établi au Royaume-Uni, je suis encore dans l’Europe pour le moment. De mon point de vue, la seule information qui prévaut dans les médias depuis trois ans, c’est le Brexit», a déclaré l’interlocuteur de l’agence, commentant l’idée exprimée par Charles Moumouni, professeur à l'Université de Laval, selon laquelle la diffusion d’une image positive de l'Afrique se fait rare dans les médias occidentaux.
Les experts s'accordent effectivement à dire que la situation au sein du continent est le plus souvent dépeinte comme apocalyptique avec des rapports sur les sécheresses, la famine, les maladies mortelles, les guerres interethniques, l'instabilité politique et la corruption.
«Mais une information qui met en valeur un pays africain intéresse-t-elle vraiment beaucoup de téléspectateurs ou de lecteurs? […] Je pense que les pays africains doivent s’investir davantage dans l’amélioration de leur réputation et l’information du public en Europe. S'ils le font, ils pourront à mon avis surmonter certaines de ces idées reçues, fausses et donc négatives que le professeur [Charles Moumouni, ndlr] a retenues à juste titre», poursuit M.Thomson.
Continent de la diversité
Pour lui, l’importance des liens informationnels de l’Afrique avec le reste du monde est cruciale.
«Les médias aiment les histoires qui font peur, et on en vient là à la réputation d'un pays. Ces histoires ne fonctionneront plus si elles concernent un pays bien dirigé et mis en valeur. La diversité des pays du continent est telle que, selon moi, il est inévitable que certaines réputations et certaines relations s’améliorent et se renforcent. Et une fois qu’un pays jouit d’une meilleure réputation, celle-ci lui offre des possibilités plus larges», détaille l’expert.
Il souligne également qu’en tant que consommateurs, on devrait être mieux informé afin d’être en mesure de rejeter les mensonges, les idées fausses et les histoires alarmistes pour reconnaître les parasites et les activités suspectes.
«L'Afrique est fantastique, avec toute sa diversité historique, géographique et culturelle. Je pense que les gens ne connaissent pas assez l’Afrique, dans toute sa diversité. C’est donc le défi à relever, et l’Afrique peut y faire face. C’est aux pays africains de se promouvoir et de combattre les idées reçues», résume à Sputnik Stuart Thomson, responsable des affaires publiques chez BDB Pitmans.
Le Brexit, une opportunité?
Il ajoute par ailleurs que le Royaume-Uni changera sans doute la manière dont il couvrira le continent africain si le Brexit est enfin mis en œuvre, car il y aura cette nécessité de conquérir un nouveau marché pour exporter ses produits.
«Après le Brexit, le Royaume-Uni recherchera des accords commerciaux internationaux, de nouveaux marchés, de nouvelles façons d'exporter, de nouveaux lieux d'investissement et de nouveaux investisseurs au Royaume-Uni. Et s’il existe de telles opportunités dans les pays africains, je pense que le Royaume-Uni n’en sera que ravi. […] Somme toute, je pense que le Brexit est une brillante opportunité pour les pays africains», explique le spécialiste.
Le forum MEDays 2019, qui a déjà rassemblé plus de 2.500 participants, dont plus de 150 orateurs internationaux et plus de 80 représentants de gouvernements, aura lieu le 13 novembre à Tanger, au Maroc. Le forum abordera des questions d'importance géostratégique, politique, économique et sociale dans les États méditerranéens, africains et arabes.