L’Europe se dit être extrêmement préoccupée par les dérogations que l’Iran se permet de faire en ce qui concerne son programme nucléaire. Dans un communiqué commun, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne «exhortent l'Iran à revenir sur toutes les mesures contraires» au traité international conclu sur la question (JCPoA), dont les États-Unis se sont retirés.
«Nous, ministres des Affaires étrangères de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni et haute représentante de l'Union européenne, sommes extrêmement préoccupés par les dernières annonces de l'Iran concernant la reprise d'activités d'enrichissement d'uranium sur le site de Fordo, comme l'AIEA l'a confirmé dans son rapport du 11 novembre» peut-on y lire.
Ces pays indiquent également qu’ils étudient précisément tous les mécanismes de l’accord de Vienne, tout en confirmant leur envie de préserver ce dernier.
«Nous soulignons l'importance de la mise en œuvre pleine et entière du JCPoA par tous les participants et confirmons notre détermination à poursuivre tous les efforts pour préserver l'accord, qui sert les intérêts de tous», disent-ils encore.
Cette réaction de l’Europe a été provoquée par une décision de l’Iran de reprendre l’enrichissement de l’uranium dans ses installations de Fordo, activité confirmée par des inspecteurs de l'AIEA, ce qui constitue de nouveau dérogation de ses engagements.
«Nous réaffirmons notre volonté d’envisager tous les mécanismes du JCPoA, y compris le mécanisme de règlement des différends, pour résoudre les questions relatives à la mise en œuvre par l’Iran de ses engagements au titre de l’accord. Nous sommes en contact avec les autres participants au JCPoA dans cette perspective.»
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a annoncé une réunion ce lundi 11 novembre à Paris des trois partenaires européens à l'accord de 2015: la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne.
«Nous voulons le préserver [l'accord, ndlr], mais l'Iran devra retourner à ses obligations et les respecter, sinon nous nous réservons le droit d'user de tous les mécanismes inclus dans l'accord», a averti le ministre allemand à Bruxelles.
D’après le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) une intensification des activités a vraiment lieu, le stock d'uranium faiblement enrichi atteignant désormais l'équivalent de 551 kilogrammes. L'accord sur le nucléaire conclu en 2015 n'autorise pas Téhéran à enrichir plus de 300 kilogrammes.
Nucléaire iranien
Par un accord conclu à Vienne en juillet 2015 avec le Groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne), Téhéran avait accepté de réduire ses activités nucléaires -afin de garantir leur caractère exclusivement civil- en échange de la levée d'une partie des sanctions internationales asphyxiant son économie.
En riposte au retrait unilatéral des États-Unis de ce pacte en mai 2018 et au rétablissement de lourdes sanctions américaines la privant des bénéfices économiques escomptés, la République islamique a commencé en mai 2019 à revenir sur certains de ses engagements.
Elle produit ainsi de l'uranium enrichi à un taux supérieur à la limite de 3,67% prévue par l'accord de 2015 et ne respecte plus la limite de 300 kilogrammes imposée à ses stocks d'uranium faiblement enrichi.
Le 6 novembre, l’Iran a commencé à injecter du gaz dans des centrifugeuses sur le site de Fordo, ce qui signifie dans les faits le début de la quatrième phase de réduction de ses obligations nucléaires.