Un appel à manifester à Gonesse pour soutenir l’auteur de l’attaque terroriste de la préfecture de Police le 3 octobre à Paris a suscité de vives réactions. L’initiative d’Hadama Traoré, militant d’Aulnay, d’organiser un rassemblement pour «voir Mickaël Harpon autrement», a tourné court et la manifestation a été interdite par le ministère de l’Intérieur.
Samia Maktouf, avocate franco-tunisienne active dans les grands dossiers terroristes, tels que l’affaire Merah et la prise d’otages de l’Hypercacher, souligne que «chaque acte terroriste éveille le drame que les victimes, leur familles et leurs proches vivent». L’initiative d’Hadama Traoré aura eu le temps de faire des dégâts:
«J’ai eu un certain nombre de survivants, ils étaient bouleversés par cet attentat, dit à Sputnik Samia Maktouf. Il y a même une victime, psychologiquement affaiblie, qui a mal vécu cette information, et qui est hospitalisée.»
Pour l’avocate, qui n’omet pas d’avoir une pensée pour «ces victimes mortes pour la Nation dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions », on ne peut que se féliciter que l’autorité administrative «ait pu interdire cet acte honteux» prévu pour soutenir «un terroriste criminel, une personne qui a participé à un acte d’apologie du terrorisme, qui est animé par une idéologie mortifère ayant légitimé les attentats de 2015 en disant que "c’était bien fait pour les journalistes qui ont été attaqués"».
Pour l’avocate connue et respectée des associations des victimes des actes terroristes, une manifestation, si elle avait lieu, serait «une atteinte à la dignité et à la mémoire des quatre victimes tombées en exercice de leur mission première, nous protéger».
«Les victimes seraient légitimement en droit d’entamer une action contre les organisateurs [de la manifestation, ndlr] parce qu’un tel soutien pour un criminel est une atteinte manifeste à la mémoire des soldats de la République», insiste Samia Maktouf,
Enfin, elle rappelle que «selon les premiers éléments de l’enquête rendus publics, ce criminel terroriste a légitimé les attentats avant de tuer quatre officiers. Ainsi il est coupable du délit d’apologie du terrorisme. Donc, [l’organisateur de cette manifestation, ndlr] devient complice de ce délit, outre le fait de salir la mémoire des victimes».