Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre des mineurs marocains prendre d’assaut des bus espagnols, à Beni Ensar, limitrophe de l’enclave espagnole de Melilla, dans le but de passer clandestinement la frontière et rejoindre la ville. Les autorités de la ville espagnole, située sur la côte nord-est du Maroc, dénoncent cette situation, pointant la passivité de la police aux frontières marocaines. Le Maroc, de son côté, considère que ce problème doit être traité dans un cadre global brassant tous les maux touchant cette région frontalière.
«Où est la coresponsabilité de la police marocaine à la frontière?», a déclaré à la presse Eduardo de Castro González, le président de Melilla. «L’Espagne fait ce qu’elle peut pour contrôler son côté de la frontière, mais elle peut difficilement réussir si le Maroc ne fait pas de même», a-t-il ajouté.
Dans cette enclave espagnole, 1.322 mineurs marocains non accompagnés ont déjà été pris en charge par les autorités de la ville, représentant 1,55 % de la population de cette dernière, selon un rapport officiel cité par Maghreb Online.
Que disent les autorités marocaines?
Étant donné que le passage frontalier entre le Maroc et Melilla est également le lieu par lequel tentent de transiter des milliers de migrants subsahariens, qui désirent rejoindre le sud de l’Europe, ajouté aux problèmes de contrebande de marchandises venant de la ville espagnole en direction du royaume chérifien, les soucis de cette région ne sauraient être résolus, selon les autorités marocaines, en empêchant simplement des mineurs marocains de traverser la frontière.
Ainsi, Abdelouafi Laftit, ministre marocain de l’Intérieur, a affirmé, en janvier 2019, devant le Parlement qu’«une solution globale» à ce «problème grand et complexe» devrait être envisagée. Un mois plus tard, Nabil Lajdar, directeur des douanes marocaines, a indiqué qu’à cause de la contrebande le fisc marocain perdait annuellement entre 360 et 540 millions d’euros en droits de transit.
Ainsi, fin juillet, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez avait déclaré à la presse que «grâce aux efforts du Maroc dans le domaine de la lutte contre la migration, le nombre de migrants clandestins a diminué de 33% au premier semestre de 2019, et ce pour la première fois depuis 2013».
Ajoutant que le royaume chérifien était un leader international en matière de migrations, le responsable espagnol avait noté la nécessité de reconnaître «les efforts déployés par les autorités marocaines pour relever l'un des défis les plus préoccupants au monde, à savoir le phénomène de la migration irrégulière».
Les résultats du Maroc en 2018
L'organisme souligne également que les forces de sécurité marocaines ont démantelé 229 réseaux de passeurs en 2018. Les garde-côtes ont quant à eux secouru en mer près de 29.715 migrants. Parmi les personnes arrêtées, 5.608 migrants avaient opté pour le retour volontaire vers leur pays d'origine, conclut la même source.