Des mineurs marocains «prennent d’assaut» des bus espagnols pour entrer clandestinement en Espagne - vidéo

© AFP 2024 Angela RiosLa frontière à Melilla
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À Beni Ensar, région frontalière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla, des mineurs marocains ont pris d’assaut deux bus espagnols dans le but de s’infiltrer clandestinement dans la ville. Une vidéo montrant cette tentative a été largement partagée sur les réseaux sociaux.

Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre des mineurs marocains prendre d’assaut des bus espagnols, à Beni Ensar, limitrophe de l’enclave espagnole de Melilla, dans le but de passer clandestinement la frontière et rejoindre la ville. Les autorités de la ville espagnole, située sur la côte nord-est du Maroc, dénoncent cette situation, pointant la passivité de la police aux frontières marocaines. Le Maroc, de son côté, considère que ce problème doit être traité dans un cadre global brassant tous les maux touchant cette région frontalière.

La vidéo montre des mineurs tentant de s’infiltrer dans les soutes de deux bus et de monter sur leurs toits. Selon le site d’information Maghreb Online, des dizaines de policiers et de douaniers marocains y sont en permanence déployés, mais ils ne sont pas intervenus pour stopper le blocage des autobus par les jeunes.

«Où est la coresponsabilité de la police marocaine à la frontière?», a déclaré à la presse Eduardo de Castro González, le président de Melilla. «L’Espagne fait ce qu’elle peut pour contrôler son côté de la frontière, mais elle peut difficilement réussir si le Maroc ne fait pas de même», a-t-il ajouté.

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«Tout ce qui se passe depuis longtemps est très grave, étant donnée la passivité absolue des autorités marocaines — ou avec la complaisance — et le silence du gouvernement espagnol», a pour sa part dénoncé, Daniel Conesa Mínguez, vice-président adjoint de l’Assemblée de la ville de Melilla.

Dans cette enclave espagnole, 1.322 mineurs marocains non accompagnés ont déjà été pris en charge par les autorités de la ville, représentant 1,55 % de la population de cette dernière, selon un rapport officiel cité par Maghreb Online.

Que disent les autorités marocaines?

Étant donné que le passage frontalier entre le Maroc et Melilla est également le lieu par lequel tentent de transiter des milliers de migrants subsahariens, qui désirent rejoindre le sud de l’Europe, ajouté aux problèmes de contrebande de marchandises venant de la ville espagnole en direction du royaume chérifien, les soucis de cette région ne sauraient être résolus, selon les autorités marocaines, en empêchant simplement des mineurs marocains de traverser la frontière.

Ainsi, Abdelouafi Laftit, ministre marocain de l’Intérieur, a affirmé, en janvier 2019, devant le Parlement qu’«une solution globale» à ce «problème grand et complexe» devrait être envisagée. Un mois plus tard, Nabil Lajdar, directeur des douanes marocaines, a indiqué qu’à cause de la contrebande le fisc marocain perdait annuellement entre 360 et 540 millions d’euros en droits de transit.

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Dans ce cadre, le 1er août 2018, le Maroc avait procédé unilatéralement à la fermeture de la douane commerciale de Melilla par où passaient également des exportations légales vers le Maroc. Le gouvernement socialiste espagnol n’avait pas protesté contre cette mesure car elle contribuait également au contrôle de l’immigration clandestine.

Ainsi, fin juillet, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez avait déclaré à la presse que «grâce aux efforts du Maroc dans le domaine de la lutte contre la migration, le nombre de migrants clandestins a diminué de 33% au premier semestre de 2019, et ce pour la première fois depuis 2013».

Ajoutant que le royaume chérifien était un leader international en matière de migrations, le responsable espagnol avait noté la nécessité de reconnaître «les efforts déployés par les autorités marocaines pour relever l'un des défis les plus préoccupants au monde, à savoir le phénomène de la migration irrégulière».

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L'Observatoire national de la migration indique dans un communiqué relayé par l’agence officielle Maghreb Arabe Presse (MAP) qu’au cours de l'année 2018, les forces de sécurité et les garde-côtes marocains avaient réussi à avorter 88.761 tentatives d'émigration clandestine. Le communiqué précise que 70.571 migrants sur le total arrêté étaient des ressortissants de pays tiers.

L'organisme souligne également que les forces de sécurité marocaines ont démantelé 229 réseaux de passeurs en 2018. Les garde-côtes ont quant à eux secouru en mer près de 29.715 migrants. Parmi les personnes arrêtées, 5.608 migrants avaient opté pour le retour volontaire vers leur pays d'origine, conclut la même source.

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