Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé, dans une interview accordée au JDD, le lancement de deux missions sur la détection d'éventuels signes de radicalisation des agents chargés de la lutte antiterroriste, après la tuerie de la préfecture de police de Paris.
Mission 1
La première des deux missions confiées à l'Inspection générale du renseignement concerne la Direction du renseignement de la préfecture de Paris (DRPP), où travaillait l'assaillant depuis 2003. Les résultats sont attendus dès la fin du mois.
«Elle dira, d'une part, si les outils de détection et de signalement étaient en place à la DRPP et s'ils ont bien fonctionné», a expliqué le chef du gouvernement.
La tâche sera de «vérifier si, au cours des années que l'auteur des faits a passées à la DRPP, en particulier celles qui auraient été concernées par un processus de radicalisation, les outils et procédures de détection et de signalement étaient en place, s'ils ont été convenablement mis en œuvre [...] et s'ils ont donné lieu à des réactions appropriées», a ajouté Matignon dans un communiqué cité par l’AFP.
Mission 2
La seconde mission, qui doit apporter des conclusions d'ici à la fin de l'année, visera l'ensemble des services de renseignement associés à la lutte antiterroriste.
«J'ai demandé qu'elle mène une revue en profondeur des procédures de détection, de signalement et de traitement des processus de radicalisation dans l'intégralité des services de renseignement impliqués dans la lutte contre le terrorisme», a précisé le chef du gouvernement, en assurant: «le tamis va être très fin».
#Préfecturedepolice : j’ai demandé à l’inspection des services de renseignement de mener une revue en profondeur des procédures de détection et de traitement des processus de radicalisation dans tous les services de renseignement impliqués dans la lutte contre le terrorisme.
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) October 6, 2019
Les deux missions doivent aboutir à des propositions de remise à niveau des procédures de détection de la radicalisation au sein des services de renseignements.
«Question centrale»
Interrogé sur la «faille» qui a permis à un employé de la Direction du renseignement de la préfecture de Paris (DRPP) de tuer quatre de ses collègues jeudi, il a reconnu que c'était «évidemment une question centrale».
«On me dira que le risque zéro n'existe pas, c'est vrai, mais c'est notre responsabilité de ne jamais accepter d'éventuels défauts et de toujours resserrer les mailles du filet», a affirmé M.Philippe.
«Pour tous les services de renseignement, la détection des menaces internes est une priorité absolue. En particulier, aucun signal de radicalisation ne peut être méconnu ni rester sans réponse», a-t-il ajouté.
Le service national des enquêtes administratives de sécurité a réalisé «plus de 300.000 enquêtes en 2018», a-t-il de plus détaillé, précisant que «dans la police, ces dernières années, une vingtaine de situations ont donné lieu à des mesures pour écarter des personnes dont le comportement n'était pas compatible avec leurs fonctions».
Quatre morts et un blessé
Perpétrée le 3 octobre, l’attaque au couteau à la préfecture de police de Paris a fait quatre morts et un blessé. Certains signes de radicalisation ont été détectés chez l’assaillant après sa conversion à l’islam «depuis une dizaine d’années», a déclaré Jean-François Ricard, le procureur du parquet national antiterroriste.
Il a également souligné que le tueur, Mickaël Harpon, était en contact avec des individus de «la mouvance islamiste salafiste».