L’hébergement d’urgence des migrants se pérennise… et séduit les investisseurs

© REUTERS / Gonzalo FuentesDes migrants près de la porte de La Chapelle, archives
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L’hébergement d’urgence se transforme en bonne affaire pour les investisseurs institutionnels. En effet, l’État garantit un juteux rendement sur les logements d’urgence de la Caisse des Dépôts et consignations. 6.000 logements, majoritairement destinés aux demandeurs d’asile, qui trahissent la pérennisation de la crise migratoire.

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S’interrogent nos confrères de Marianne. Ces derniers révèlent le 4 octobre une pratique qui pourrait en surprendre plus d’un: la capitalisation sur le logement d’urgence pour migrants et personnes en situation de grande précarité. L’hebdomadaire se penche ainsi sur la prospérité du fonds d’investissement Hémisphère. Lancé en 2017 par Ampère Gestion et Adoma, deux filiales de CDC Habitat, elle-même filiale immobilière (d’intérêt général) de la Caisse des Dépôts et consignations (CDC), ce fonds s’est porté acquéreur de pas moins de 59 hôtels low-cost F1 pour les reconvertir en centres d’hébergement d’urgence, majoritairement pour demandeurs d’asile. Une opération qui a permis de structurer un parc de 6.000 places, géré par Adoma.

Une opération qui rapporte gros aux investisseurs. En effet, si chaque nuitée est facturée à l’État 16€, le fonds promet à ses souscripteurs un rendement de 3,5% par an. Cerise sur le gâteau, ce retour sur investissement est… garanti par l’État. 3,5% de rendement annuel, cela représente «deux fois celui de l’assurance vie en 2018 (1,8% en moyenne)», fait remarquer l’auteur de l’article. Pour donner un autre ordre d’idée, une telle rentabilité dans l’immobilier n’est égalable - pour un particulier - que par le biais de la location de parkings à Paris.

«Pour ceux qui en douteraient encore, voilà qui confirme l’évidence: la “crise” des migrants est structurelle et l’hébergement “en urgence” correspond en réalité à un besoin pérenne», estime notre confrère.

Notons en effet que ce fonds, qui a levé pas moins de 100 millions d’euros pour ses opérations immobilières, a été souscrit par un groupe d’acteurs institutionnels. Parmi ces derniers, on retrouve notamment Aviva France, BNP Paribas Cardif, CNP Assurances et Pro Cardif, selon la documentation disponible sur le site de CDC Habitat. Le projet aurait été lancé à l’initiative de l’État en 2016.

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Du côté de l’institution financière publique, on joue la transparence. Au-delà de l’audit effectué par l’un des «Big Four», les plus gros cabinets d’audit financier au niveau mondial, on souligne d’une part que l’État est assuré de la décence des conditions d’hébergement des demandeurs d’asile et d’autre part que cette solution coûterait bien moins cher aux contribuables. En effet, le coût de l’hébergement d’urgence dans l’un de ces ex-F1 serait de 40% inférieur à la moyenne du marché, selon Vincent Mahé, secrétaire général de CDC Habitat, interrogé par Marianne.

«L’hébergement d’urgence a coûté 2,1 milliards d’euros à l’État en 2018. Sa progression rapide (+ 43% en cinq ans) s’explique largement par l’accueil de migrants, dont les flux ne vont pas se tarir tout de suite. Bref, un investissement… de long terme»,

conclut notre confrère de Marianne, évoquant le rapport parlementaire remis fin juin au Sénat sur le financement public de l’hébergement d’urgence. Il faut dire que le nombre de demandeurs d’asile a explosé ces dernières années en France, +22% rien qu’entre 2017 et 2018, selon les données de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Autre point qui invite le journaliste à une telle conclusion: Ampère Gestion étudierait «en ce moment le rachat d’autres structures d’hébergement», proposant un investissement sur dix ans.

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