Passionnée de lettres et de social, Marie-Laure Désirée Dagault, plus connue sous le nom de plume de Lamazone Wassawaney, se considère comme «Ivoirienne d’origine, à vision panafricaine». Après avoir exercé pendant plusieurs années comme copywriter (concepteur-rédacteur qui maîtrise l’art de convaincre par l’écrit à des fins publicitaires et de marketing) principalement à Abidjan, au sein du groupe Voodoo (premier groupe de communication en Afrique francophone), elle a tout quitté pour s’installer en 2018 au Burkina Faso.
C’est dans le Pays des hommes intègres qu’elle fonde – sur fonds propres – Les Éditions Camé-Lion. Une maison qui se veut innovante dans l’ambition qu’elle a d’apporter des «touches plus colorées et ludiques au secteur du livre». Par la suite, elle a créé une fondation du même nom (Fondation Camé-Lion), dont la raison d’être se fonde sur le triptyque «accessibilité – alphabétisation – incitation».
Également écrivaine, Lamazone Wassawaney, qui s’est donné pour challenge de susciter le goût de la lecture chez les Africains, et en particulier chez les jeunes, a publié le 15 mai 2019 «Regards de vérité I - La candeur entachée», un livre inspiré de l’histoire vraie d’une fillette de 12 ans qui narre son viol par son beau-père alors qu’elle était âgée de 7 ans.
Sputnik a échangé avec cette «mère de tous les enfants», comme elle aime à le dire, par ailleurs présidente de l’association «Tosseta – Le club des femmes de pouvoir», qui œuvre au bien-être, à l’autonomisation et au développement personnel et professionnel de la femme.
Sputnik: Pourquoi avoir fait le choix du Burkina pour lancer les Éditions Camé-Lion?
Lamazone Wassawaney: «J'ai exercé quelques années comme copywriter à Voodoo, à Abidjan. À ce titre, j'ai élaboré et participé à plusieurs campagnes de communication, que ce soit pour des structures, des produits ou des hommes politiques en Afrique et notamment au Burkina Faso. Je suis tombée amoureuse de ce pays tant pour son ancrage identitaire que pour sa détermination à s'affirmer. Je crois aux potentialités des Burkinabés. Je crois en leurs valeurs nobles. Ici, il y a toujours une activité culturelle qui trouve une forte adhésion des populations. Ici, les gens sont simples et vivent leur bonheur à partir de rien. Pas besoin de facéties pour se faire respecter et avoir accès aux personnalités qui peuvent faire bouger les lignes. J’aime cette simplicité, tout simplement.»
Sputnik: Concrètement, en quoi Camé-Lion se distingue-t-elle dans le monde de l’édition?
Lamazone Wassawaney: «Notre maison d’édition est la fusion de mon amour pour les lettres et de mon expérience de copywriter. Nous proposons le classique parcours éditorial à 360° (de la récupération du manuscrit à sa distribution, NDLR) et nous mettons à la disposition des demandeurs une banque d’experts en copywriting qui offre toutes les compétences du métier: la conception des sujets d’écriture, la correction, la relecture, le prête-plume, la mise en page, la coordination de la stratégie de mise en vente. Tout cela se fait avec la possibilité de conseiller et de conceptualiser des couvertures attrayantes qui distinguent nos livres dans les rayons.
Les Éditions Camé-Lion offrent aussi des ateliers de coaching et des stages d’écriture ciblés en fonction de la demande ou de la nécessité observée, en collaboration avec d’autres écrivains ou experts du domaine. Par ailleurs, nous avons notre approche de l'édition. Peut-être existe-t-elle déjà, mais nous sommes convaincus que le livre doit être abordé comme un produit de consommation au même titre que les marques alimentaires ou autres qui arrivent à rentrer dans les habitudes de la cible, pour ne plus lui donner l’occasion de s’en libérer.
J’ajoute qu’il n’y a aucune obligation d’éditer chez nous.»
Sputnik: Et comment comptez-vous faire du livre un produit de consommation comme les autres?
Lamazone Wassawaney: «Cela impose de mettre en vente des ouvrages de qualité tant par leur contenu que par leur impression. Mais aussi de penser à des concepts de vente innovants qui fidélisent les lecteurs. Par exemple, lors de la dernière édition du Salon international du livre d'Abidjan (SILA, en mai 2019), nous avons lancé notre premier livre (la trilogie "Regards de vérité" dont les tomes 2 et 3 sont à venir, NDLR) dont je suis l'auteure. Nous avons proposé deux concepts innovants au public qui ont fait leurs preuves.»
Sputnik: Parallèlement à vos qualités d’écrivain et d’éditrice, vous êtes une féministe active dans la lutte contre la violence conjugale, la pédophilie et le viol…
Lamazone Wassawaney: «Nous savons que l’analphabétisation ouvre la porte à beaucoup de maux, dont la délinquance, qui peut conduire au viol. La fondation Camé-Lion entend s’engager pour ouvrir des bibliothèques communautaires afin d’alphabétiser les enfants désœuvrés. Tosseta-Le club des femmes de pouvoir donnera plus d’informations à la femme sur ses droits et devoirs à travers l’organisation très prochaine des Assises de la condition féminines en Côte d’Ivoire afin que plus jamais elle n’accepte de se faire brimer et battre.
Avec Regards de Vérité I, nous irons dans les écoles et partout ailleurs pour sensibiliser sur l’éducation à la sexualité et briser ces tabous qui protègent les criminels. Car les familles sont malheureusement les complices de ces crimes en général, et les enfants ne dénoncent pas parce qu’ils ne savent pas comment le faire. Quant à la brigade antipédophilie, elle fera son travail de relais, de sensibilisation, de dénonciation, de plaidoirie et d’information sur la question à travers les réseaux sociaux.»
Sputnik: Au regard de ces thématiques, quel état des lieux faites-vous de la condition des femmes dans votre pays, la Côte d’Ivoire, et éventuellement dans votre pays d’accueil, le Burkina Faso?
Lamazone Wassawaney: «La condition de la femme en Côte d’Ivoire est identique à ce qu’elle est en général au Burkina Faso et peut-être partout en Afrique. Nous militons pour des droits réels et sans discrimination. Nous militons pour plus d’accès à l’école, pour moins de pressions coutumières et traditionnelles etc. Et tout cela a donné naissance à Tosseta-Le club des femmes de pouvoir, qui a engendré la fondation Camé-Lion. Ce club a motivé l’écriture de la trilogie Regards de Vérité à partir de la plateforme d’écoutes virtuelles que j’ai initiée. Il a suscité la création virtuelle de la première brigade antipédophilie.»
Un enfant qui grandit dans une famille monoparentale où il est protégé et aimé, est plus équilibré qu’un enfant ayant un père ou une mère d’emprunt, qui lui font hériter d’un frère ou une sœur qui le/la viole ! Pensez famille et non couple ! #Stop_Pédophilie pic.twitter.com/0zxNd0gQuP
— Lamazone Wassawaney (@LamazoneW) 9 juillet 2019
«À chaque observation menée, un outil est dédié avec un plan stratégique déterminé. Ceci en vue de fédérer toutes nos capacités sous le même hashtag: #Prends_part_au_combat qui résume nos ambitions. Ce hastag pour que personne ne soit complice, par son silence, de tous ces maux qui nous minent.»