Trafic de cannabis: «un million de Marocains sont impliqués»

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La société d’analyse New Frontier Data vient de publier de nouvelles données sur le trafic de drogue qui mettent le Maroc en tête des fournisseurs de cannabis à l’Europe. Sa culture illégale est le moyen de subsistance de près d’un million de personnes dans le royaume. Un militant marocain a commenté la situation pour Sputnik.

La société d’analyse américaine New Frontier Data constate que le Maroc est le premier pourvoyeur de cannabis vers l’Europe, information qui n’a rien de nouveau, a déclaré dans un entretien accordé à Sputnik Abdel Ilah al Khadari, directeur du Centre marocain des droits de l'Homme (CMDH).

«Tout cela est bien connu. Néanmoins, c’est la première fois que nous apprenons qu’un million de Marocains sont impliqués dans ce narco-business. À mon avis, ce chiffre est toutefois proche de la réalité, bien qu’il s’étende sans doute à tous ceux qui cultivent [du cannabis, ndlr], en vendent et trafiquent, ainsi qu’à ceux qui couvrent [ce busines illégal, ndlr]», a poursuivi l’interlocuteur de l’agence.

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Un réseau de trafic de drogue en provenance du Maroc géré par des Britanniques démantelé

Et de rappeler qu’il y avait au Maroc des recoins éloignés, surtout dans le nord, où la culture illicite du cannabis se poursuivait depuis l’époque coloniale.

«L’État déploie de gros efforts pour lutter contre le trafic de drogue. On estime qu’à ce jour, environ 70.000 Marocains sont directement impliqués dans la culture du cannabis. De peur de se retrouver en prison, ces gens habitent dans les régions les plus éloignés et les moins explorées du royaume. Là, ils tombent sous l’emprise de narcotrafiquants qui les obligent, par des menaces et des intimidations, à cultiver des plantations de cannabis», a raconté le militant.

Pas d’autre moyen de gagner sa vie

Selon ce dernier, d’une part, le gouvernement interdit la culture de l’herbe, mais, de l’autre, les jeunes n’ont tout simplement pas d’autre moyen de gagner leur vie.

«On ne se souvient des habitants de ces pauvres régions perdues que pendant les campagnes électorales pour gagner leurs voix. En fait, rien ne change dans la vie de ces gens, et ils sont contraints de faire n’importe quoi», a résumé le directeur du Centre marocain des droits de l'Homme.

Le rapport de New Frontier Data signale qu’au Maroc la production de cannabis (à la fois herbe et hasch) ne cesse de croître. La majeure partie en est transformée en résine de cannabis (haschich). La plupart du haschich trouvé en Europe provient du royaume. En 2016, 62% du cannabis saisi en Afrique provenaient du Maroc.

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