L'ancien président du FN, Jean-Marie Le Pen, a été entendu par la juge ce vendredi 13 septembre au tribunal de Paris, soupçonné d’avoir mis en place des emplois fictifs et une «système de détournement» d’argent. Il a ensuite été mis en examen pour «détournement de fonds publics» et «complicité» de ce délit, a appris l'AFP auprès de ses avocats.
Le cofondateur du parti, rebaptisé Rassemblement national (RN), a été interrogé pendant plus de quatre heures par les juges d'instruction parisiens Claire Thépaut et Dominique Blanc sur les emplois de trois de ses assistants, selon ses avocats.
M.Le Pen, 91 ans, «est très fatigué par tout ceci», a déclaré Me Frédéric Joachim. «C'est une affaire de toute évidence politique voire politicienne», a-t-il poursuivi, dénonçant une «incursion du pouvoir judiciaire dans le pouvoir législatif».
Déjà convoqué le 11 avril dans cette affaire, M.Le Pen, qui a présidé le parti de 1972 à 2011, avait refusé de se rendre chez les juges, se considérant encore protégé par son immunité d'eurodéputé. Cette dernière avait pourtant été levée par le Parlement européen, à la demande de la justice française, le 12 mars.
Les magistrats instructeurs soupçonnent le RN et ses dirigeants d'avoir mis en place un «système de détournement» des enveloppes allouées par l'UE à chaque député pour rémunérer des collaborateurs parlementaires, afin de permettre au parti de faire des économies sur ses salaires.
Le préjudice a été estimé par le Parlement européen à près de sept millions d'euros pour la période 2009-2017.
Dans ce dossier, une vingtaine de mises en examen ont été prononcées, dont celle de Marine Le Pen, présidente du RN et fille de M.Le Pen, l'ex-compagnon de cette dernière Louis Aliot ou encore le trésorier du parti Wallerand de Saint-Just, pour «détournement de fonds publics» ou complicité. Le parti a lui aussi été mis en examen dans cette affaire.