Philippe Pascot: «si on fait une seule grande manif à Paris par mois, le gouvernement saute»

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Après vingt-cinq ans de vie politique, Philippe Pascot, ancien adjoint de Manuel Valls à la Mairie d’Évry, est devenu l’une des mascottes des Gilets jaunes. À l’occasion de la sortie de son dernier livre, «Mensonges d’État», aux éditions Max Milo, Sputnik est allé à sa rencontre. Un entretien à l’image du personnage, entier.

«Taire la Vérité, n’est-ce déjà pas mentir? Qui ne gueule pas la vérité, quand il sait la vérité, se fait le complice des menteurs et des faussaires.» Cette citation de Charles Péguy s’applique à merveille au tonitruant Philippe Pascot, homme politique durant vingt-cinq ans, ancien dirigeant du Parti radical de Gauche, engagé dans de nombreux combats. Ce qui l’occupe désormais, ce sont les Gilets jaunes, pour lesquels il espère une convergence des luttes. Son dernier livre, Mensonges d’État (Éd. Max Milo), sort en librairie le 26 septembre, il nous a reçus chez lui.

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La réforme des retraites

Premier sujet de rentrée pour le gouvernement d’Édouard Philippe, la réforme des retraites. Après d’importantes manifestations en 2011 lors d’une précédente réforme par Nicolas Sarkozy, l’exécutif veut à tout prix s’éviter un nouveau sursaut de colère des Gilets jaunes. Le rapport de Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé de la question, préconiserait un «âge d’équilibre» fixé à 64 ans. Philippe Pascot lui préfère parler franchement, comme à son habitude:

«L’escroquerie, le racket, la perte des acquis sociaux, ça va se faire après les municipales. Les retraites, c’est une véritable escroquerie. Les gens vont être coincés de tous les côtés. Et les premiers seront les gens qui n’auront pas eu une carrière complète. Ce que l’on vous dit aujourd’hui, vous avez le droit de prendre votre retraite à 62 ans, c’est juste la date que vous pouvez reculer. Aujourd’hui, les gens ne peuvent pas prendre leur retraite avant 64, 65, 67 ans.»

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Et Philippe Pascot de rentrer dans le vif du sujet, la vie concrète au quotidien de nombreux Français ayant touché le SMIC leur vie durant. Qu’en est-il de l’allongement de l’espérance de vie? Ce facteur peut-il justifier le report de l’âge à la retraite?

«Quand vous travaillez après votre retraite, ce n’est plus aux mêmes conditions, c’est de la mendicité. Vous avez un petit boulot quand vous avez 70 ans, vous êtes heureux, on vous donne 400 euros, et puis surtout, fermez-là. Il n’y a plus de règles sociales, il n’y a plus de Code du travail. Puisque c’est en plus de votre retraite […], ça va être une société de services où les petits vieux vont être obligés d’aller cirer les chaussures dans la rue pour ajouter un petit bonus à leur retraite misérable, alors qu’il y a de l’argent.»

Les Gilets Jaunes, le retour?

La rentrée semble brûlante pour le gouvernement, confronté aux grèves des urgences, des VTC, des pompiers, de la RATP. Craint-il une nouvelle mobilisation générale, propulsée par les Gilets jaunes? Philippe Pascot appelle l’ensemble des mobilisés à se coordonner lors d’une journée par mois à Paris.

«J’appelle tous les membres des syndicats, les VTC, les pompiers, à ne pas écouter leurs syndicats et à venir le jour où on fait une manifestation de Gilets jaunes. Qu’il y ait une véritable convergence. Aujourd’hui, si on fait une seule grande manif à Paris par mois, avec les VTC, les pompiers, les camionneurs, le gouvernement saute. Et ça, Macron en a très peur. C’est pour cela qu’au fur et à mesure des revendications et des souffrances populaires, il lâche un petit peu de mou à droite, à gauche pour calmer la colère générale. Nous sommes en septembre, plus de la moitié des services d’urgence sont en grève, les pompiers sont en grève, les VTC sont fous de rage, l’ensemble des corporations sont folles de rage et ça ne bouge pas encore.»

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Mais Philippe Pascot se montre assez pessimiste sur les chances d’y parvenir. Trop de divisions entre les différentes luttes, peur de la «répression» des forces de l’ordre ainsi que la lassitude, logique après quarante-trois épisodes de mobilisation en chasuble haute visibilité.

«On n’arrive pas encore à fédérer l’ensemble des colères parce que la répression est énorme, parce que les gens ont peur. Je suis ébahi, c’est la première fois au monde où on se sert d’armes de guerre, dans un pays dit démocratique, pour tirer sur les gens. Et il y a encore du monde dans la rue, malgré le fait que les gens soient éborgnés, qu’il y ait des mains arrachées […] Toutes ces manipulations, cette répression, cette non-reconnaissance de la réalité par certains journalistes font que c’est très difficile d’avancer.»

Comment moraliser la vie politique?

Son livre s’appelle Mensonges d’État, cela ne s’invente pas. Son mantra, débusquer les mensonges émis par les hommes et femmes politiques. Il rappelle ainsi son initiative, une pétition lancée il y a quelques années pour interdire aux détenteurs d’un casier judiciaire d’effectuer un mandat électoral. Emmanuel Macron l’avait même inscrit dans son programme présidentiel en 2017, où il est mentionné l’introduction d’une loi sur la moralisation de la vie publique comprenant «l’interdiction pour tous les détenteurs d’un casier judiciaire (niveau B2) de se présenter à une élection». Or, la majorité LREM a adopté cette loi en septembre 2017, en ayant amendé cette mesure:

«C’est moi qui lui ai fait la note pour le casier judiciaire vierge qu’il a mise page 27 de son programme présidentiel. Ils ont en parlé suite à une pétition que j’avais lancée, il y a cinq ans, pendant le débat télévisé à onze et la première chose qu’il fait, quand il passe, c’est de faire le contraire.

Aujourd’hui, il y a encore des élus qui ont des casiers judiciaires et qui peuvent se présenter. Aujourd’hui, il y a encore des élus qui font de la corruption et qui ne sont pas condamnés […] Il y a 396 métiers, que j’ai référencés moi-même, où il faut que tu présentes ton casier judiciaire, toi en tant que journaliste, il faut que tu aies un casier judiciaire vierge, expliquez-moi pourquoi il ne le faut pas pour être élu.»

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À l’entendre, à le lire, on serait tenté de croire que nombre de politiciens seraient malhonnêtes. Et il fait le compte d’affaires politiques qui ont défrayé la chronique ces dernières années: le scandale de la vache folle, le nuage de Tchernobyl, le Rainbow Warrior, les dossiers politico-financiers de Nicolas Sarkozy, François Fillon, Benalla, Cahuzac, Rugy, etc. La défiance généralisée envers tous les politiques est-elle saine? Tous pourris les politiques, n’est-ce pas nourrir le populisme? Philippe Pascot répond sans nuance:

«Je ne fais pas du poujadisme, il y en a quelques-uns qui sont honnêtes. Je les cherche. En haut de la pyramide, je n’en vois aucun. Il y a tellement de compromissions que tu es obligé de faire pour arriver à ces postes-là, de tellement magouiller, d’écraser tes copains, de mettre de l’argent sur la table pour pouvoir exister.»

Pour le comprendre, il faut s’intéresser à l’épigraphe de l’ouvrage, provenant d’un certain Maximilien de Robespierre dans son projet de déclaration des droits de l’homme de 1793:

«Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.»

Et il conclut cet entretien par un bruyant:

«Arrêtez de nous prendre pour des c…»

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