Embryons hybrides animal-humain: «Personne ne peut prévoir le résultat définitif de ces expériences»

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Pour la première fois au Japon, un généticien a été autorisé à créer des embryons hybrides entre des cellules humaines et animales dans le but de pallier, à terme, la pénurie mondiale de donneurs d’organes. Sputnik s’est entretenu avec des chercheurs russes des difficultés auxquelles pourraient être confrontés leurs collègues nippons.

Le Japonais Hiromitsu Nakauchi, généticien de l’université de Stanford, a obtenu l’autorisation d’implanter des cellules humaines dans des embryons d’animaux. Selon la revue Nature, le but de cette expérimentation, déjà menée dans d’autres pays, est de générer des organes humains dans des animaux, organes éventuellement transplantables. Néanmoins, cela pose de lourdes questions éthiques, dont celle du brouillage de la frontière entre homme et animal.

«Les auteurs de cette méthode entendent cultiver des organes humains dans un organisme animal, notamment porcin, à partir des cellules souches (cellules iPS) du patient lui-même. Cela est tout à fait admissible au regard de l’éthique et peut même résoudre le problème du rejet immunologique, car le patient reçoit un organe composé de ses propres cellules», a indiqué à Sputnik le professeur Dmitri Goldchteïn, chef du laboratoire de cellules souches au Centre médico-génétique N.P.Botchkov.

Mais il prévient qu’il serait extrêmement difficile de faire en sorte que l’organe cultivé à partir des cellules animales et humaines soit formé correctement et fonctionne comme prévu.

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La Chine mène des expériences sur des cellules souches humaines dans un vaisseau spatial

L’académicien Sergueï Gotie, directeur du Centre de transplantation et d’organes artificiels Choumakov, partage les craintes de son collègue.

«Ce que les généticiens japonais essaient de faire s’appelle la xénogreffe quand le donneur et le receveur appartiennent à des espèces différentes [par exemple, un foie de babouin greffé sur un homme, ndlr]. L’obstacle principal en est le danger d’infection. Lors d’une autogreffe, de telles menaces sont inexistantes, le greffon provenant du sujet lui-même», a expliqué l’expert.

Et d’ajouter que les chercheurs se préoccupaient toujours des conséquences imprévisibles d’une telle expérimentation. On détruit toujours au bout d’un certain temps des embryons hybrides [chimériques] pour des questions éthiques car une confusion homme-animal n’est pas à exclure.

  «Personne ne peut prévoir le résultat définitif de ces expériences», a résumé l’académicien russe.

Selon les interviewés, la science ne peut pas se développer sans expérimentations, bien qu’il doive évidemment y avoir des limites à la recherche dans le domaine de la bioéthique. On espère toutefois que les biologistes trouveront finalement le moyen de sauver des vies humaines sans nuire aux animaux.

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