La boum d’Écosse ou l’an dro, quand c’est joué par trois mille musiciens lors du triomphe des sonneurs, ça prend aux tripes… Mais ça enchante non seulement les «Celtes modernes» qui se sont réunis à Lorient depuis samedi dernier, mais aussi la pétersbourgeoise Elena Solovova, qui est une habituée du Festival Interceltique de Lorient (FIL) où elle se rend depuis bientôt dix ans. Cette designer graphique qui puise souvent son inspiration dans son amour pour la Bretagne, retrouve tous les ans sa première émotion d’un festival mythique.
«L’Interceltique était le seul festival que connaissaient mes professeurs de danse, et j’y suis allée, raconte Elena. Ça a été un vrai choc pour moi. Je pensais que la danse traditionnelle en Bretagne c’était juste du folklore, au mieux, pour les démonstrations ʺtouristiquesʺ. Je m’attendais à une poignée de fans de danse, mais j’ai découvert que toute la ville danse. Et en plus, ces citadins dansaient mieux que moi, une ʺprofessionnelleʺ. Je ne m’attendais pas à une culture traditionnelle si vivante.»
Il est vrai, que comparé au festival L'Arbre de Mai de Vyborg qu’Elena connaissait bien, l’affluence à Lorient peut surprendre. Mais la route qu’Elena Solovova a parcouru jusqu’au FIL, bien que longue, suivait sa logique.
Née en Carélie, dans ce «monde un peu à part en Russie», également «un peu différent de la Finlande», elle apprenait le carélien à l’école élémentaire et chantait des chansons en carélien. Puis, vers la fin du lycée, elle commence à sortir et découvre le folk-rock carélien, avec notamment le groupe Myllärit.
«Là, brusquement, je suis ʺtombée dedansʺ. Lors des concerts, les groupes jouaient de la musique bretonne, celte, irlandaise, à l’époque on ne faisait pas de distinctions en Russie, et on dansait «en sautillant ʺà la River Danceʺ,» se souvient la jeune femme.
«Je suis émerveillé devant ces gens [en Bretagne, ndlr] qui, au lieu d’aller au karaoké ou dans un bar, vont au fest-noz. Et ça reste leur besoin viscéral!» s’émerveille Elena.
Les premières fois, elle découvre que parler anglais se révèle presque inutile et que les quelques phrases en français apprises phonétiquement «ou truver an ôtel» ne sont pas suffisantes. Il en faut plus pour décourager cette amatrice de complicité musicale bretonne qui s’est liée d’amitié avec beaucoup de personnes (et personnalités) qui parlaient anglais.
«Le déclic, ça a été ma rencontre avec Gilles Servat, dit Elena, qui, en signant ses CD pour les fans, m’a dit ʺAlors, ma fille, on vient en France et on ne parle pas français? Comment ça se fait?ʺ Et je lui ai promis d’apprendre!»
«À chaque fois c’est un déchirement pour moi: rentrer à Saint-Pétersbourg tandis qu’en Bretagne les festou-noz d’automne commencent,» confie Elena Solovova.
Mais maintenant, un petit bout de Bretagne reste toujours avec elle, puisqu’à côté de l’animation du club de danse bretonne à Saint-Pétersbourg, Elena s’est acheté un accordéon diatonique. Si la déclinaison «russe» de la danse bretonne vous intéresse, vous pourrez bientôt profiter d’un visa électronique afin de participer aux soirées organisées par Elena Solovova à Saint-Pétersbourg!