Une bombe de 246.000 milliards de dollars posée sous l'économie mondiale

© REUTERS / Aly SongInvestors look at computer screens showing stock information at a brokerage in Shanghai, China, August 26, 2015.
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La dette mondiale a atteint 246.000 milliards de dollars, un record absolu dépassant de plus du triple le PIB mondial, c'est-à-dire la valeur de tous les produits et services sur la planète.

Les économistes avertissent que quand cette immense bombe posée sous l'économie mondiale explosera, une crise bien pire que celle de 2008 éclatera. Pourquoi la situation est-elle critique, quelles mèches ont déjà été allumées et parviendra-t-on à éviter un effondrement global?

L'origine d'une telle dette

Selon le rapport de l'Institut de la finance internationale (IIF), au premier trimestre la dette mondiale a augmenté de 3.000 milliards de dollars en glissement annuel pour établir un nouveau record à 246.000 milliards de dollars, soit presque 320% du PIB mondial.

Dans les pays développés, les dettes ont augmenté de 1.600 milliards jusqu'à 177.000 milliards de dollars. La contribution principale a été apportée traditionnellement par les États-Unis, où la dette a atteint 69.000 milliards de dollars - dont 22.000 milliards de prêts publics qui continuent de s'accumuler à cause de l'appétit insatiable du gouvernement fédéral.

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En juillet, le Centre américain de la politique bipartite (BPC) a rappelé que les USA risquaient un défaut de paiement dès septembre si les congressistes n'augmentaient pas de nouveau le plafond de la dette publique. Et ils l'ont fait. Ils ont repoussé l'échéance de deux ans, jusqu'au 31 juillet 2021. Autrement dit, ils ont autorisé le gouvernement à s'endetter sans limite. Selon les prévisions du Trésor américain, les emprunts courants dépasseront 1.000 milliards pour la deuxième année consécutive.

Les analystes de l'IIF constatent que cette dette mondiale immense et incontrôlée résulte de la politique irresponsable des banques centrales, addictives à la planche à billets et à la distribution de prêts. Les gouvernements, les compagnies et les particuliers empruntent pour le développement économique. Et, en l'absence de croissance, ils empruntent encore plus, qui plus est au vu des taux d'intérêts bas des plus grandes banques centrales. Avant même que la Fed n'assouplisse la politique monétaire, plusieurs banques centrales de pays émergents avaient réduit leur taux directeur.

Prendre tant qu'on donne

Comme l'affirme l'IIF, ce sont les pays émergents qui sont apporté la plus grande contribution à la hausse de la dette globale. Leur dette a dépassé 69.000 milliards de dollars soit 216,4% de leur PIB. La plus forte hausse a été enregistrée au Chili, en Corée du Sud, au Brésil, en Afrique du Sud et au Pakistan. Sachant qu'une partie significative concerne les entreprises dont la dette a pratiquement rattrapé la somme du PIB des 30 pays émergents (92,6%).

Ayant obtenu un accès sans obstacles aux marchés des capitaux, en deux décennies les pays émergents ont vu la dette des entreprises grimper de 50%.

«Le fait est que ce groupe d'emprunteurs ne dispose pas d'une expérience suffisante de gestion de la dette durant plusieurs cycles économiques. Dès que le déclin commence, les obligations des compagnies qui ont du mal à les honorer augmentent», explique l'Institut de la finance internationale.

La menace chinoise

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Mais c'est la Chine qui inquiète le plus, dont l'économie se développe depuis plusieurs décennies grâce à des emprunts continus. Au final, la dette a quadruplé pour atteindre presque 300% du PIB. Le secteur des entreprises, où prédominent les compagnies publiques, a emprunté 21.000 milliards de dollars, soit 155% du PIB et presque deux tiers de la dette totale. A titre de comparaison, la dette des entreprises au Japon s'élève à 100% du PIB, et aux États-Unis à 74%.

Pour évaluer l'ampleur du problème, il suffit de regarder le marché des obligations d'entreprises. En 2018, la Chine possédait 1.720 milliards de dollars de ces titres, derrière seulement les États-Unis (5.810 milliards de dollars). Cette année, les compagnies chinoises représentent 42% de la nouvelle dette des entreprises, ce qui accroît le risque de défaut à court terme.

Dès à présent, de nombreuses compagnies admettent des défauts sur les obligations en déposant le bilan. L'an dernier, 18.000 sociétés ont fait faillite en Chine, alors que le niveau de défauts sur les obligations a dépassé cinq fois l'indice de 2015. Un nouveau record est attendu cette année.

L'Organisation de coopération et de développement économiques avait indiqué plus tôt que le niveau élevé et instable de la dette chinoise risquait d'entraîner de nombreux défauts d'entreprises.

«Le ralentissement de la croissance et les dépenses accrues pour le financement compliquent la charge de la dette et font planer la menace de défauts. Cela affectera de manière négative la rentabilité des banques, provoquant des problèmes de liquidités», a indiqué l'OCDE.

Les économistes sont persuadés que la situation actuelle indique clairement que la bombe de la dette sous l'économie chinoise émet déjà de la fumée. La dette excessive, couplée au ralentissement économique, est un précurseur notoire de récession.

Une situation similaire avait été observée à la veille de la crise financière mondiale de 2008. A un moment donné, l'économie mondiale ne pourra plus digérer l'immense dette incontrôlée. Sachant que la crise imminente, prédite par les économistes, sera bien plus rude et conduira à un appauvrissement de masse, à une grande instabilité géopolitique, à des troubles sociaux et à des guerres.

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