«Il faut faire une différence entre du vandalisme et quelques tonnes de fumier et des parpaings qui sont empilés devant une permanence.»
Dans la nuit du premier au deux août, des agriculteurs ont déversé des tonnes de fumier devant une permanence parlementaire LREM et la préfecture de Haute-Garonne pour protester contre la ratification du CETA. Un acte qui s’inscrit dans une série de «saccages» de permanences de députés En Marche un peu partout en France, pour différentes raisons. Des actions dont l’eurodéputé de la majorité Jérémy Decerle a tenté de minimiser la gravité au micro d’Europe 1:
«C’est quand même moins grave que d’aller casser, quasiment incendier des permanences comme à Perpignan ou dans l’Ariège», justifie l’eurodéputé.
Une décision au demeurant surprenante quand on connaît la stricte discipline du parti, dont les élus s’étaient engagés à systématiquement soutenir les projets gouvernementaux et la ligne de La République En Marche. De fait, l’ensemble des élus de la majorité ont eu des mots particulièrement durs ces derniers jours envers les actions de ceux qui ont saccagé les permanences de leur parti. Juste avant celle de Monique Iborra, c’est celle de Stanislas Guerini, délégué général de LREM, qui avait été taguée dans la nuit du 31 au 1er juillet, suscitant l’indignation générale des marcheurs.
Dégrader la permanence d'un élu du peuple est l'expression d'un mépris de la #democratie.
— Brune Poirson (@brunepoirson) August 1, 2019
Ces tentatives d'intimidation sont indignes de notre #République.
Tout mon soutien à @StanGuerini et aux parlementaires @LaREM_AN face à ces actes lâches. https://t.co/Uj7iAoCyn7
Ancien président des Jeunes agriculteurs, le député Decerle a dû se livrer à quelques acrobaties lexicales, durant la matinale d’Europe 1, pour ne froisser ni son camp politique ni son précédent corps de métier. Un bel exercice du fameux «en même temps», cher à Emmanuel Macron, car s’il condamne ceux qui dégradent, il
«soutient aussi quand même les agriculteurs qui ont besoin de réponses et d’attention.»
🚨🚨 20 TONNES DE FUMIER DÉVERSÉS DEVANT UNE PERMANENCE #LREM à TOULOUSE ⚠️ VIDÉO CHOC ‼️
— L4c0n1k 🎭 (@L4c0n1k) August 1, 2019
La pauvre députée @MoniqueIborra est enlisée dans une situation nauséabonde depuis son vote POUR le CETA 😭
Autant de fumier d’un coup.. on se croirait au Parlement 😰#JeSuisTrottoir https://t.co/YWM3AAHCkm
Point nodal de la colère des agriculteurs: le vote du CETA au parlement. Le traité de libre-échange entre l’UE et le Canada, qui supprime 98% des droits de douane entre les deux zones risque d’affecter tout particulièrement les agriculteurs. Alors que le texte doit encore être voté par le Sénat, les agriculteurs n’ont apparemment pas vu d’autre moyen de faire entendre leur désarroi vis-à-vis de ce traité, qui les mettrait face à une concurrence qu’ils ne peuvent supporter. Quitte à susciter l’indignation d’une partie de la classe politique.
Une indignation que certains considèrent comme sélective, car chaque année, des permanences d’autres partis politiques font l’objet de dégradations. Cela a notamment été le cas pour des permanences du parti socialiste après l’application du 49.3 ou de permanences FN/RN, dégradées de nombreuses fois ces cinq dernières années.
Des dizaines de permanences principalement RN et parfois PS sont dégradées tous les ans, parfois violemment. Dans le silence et l’indifférence.
— Pierre Marin (@marin_pierr) August 1, 2019
Mais pour un « attentat au graffiti » sur LREM c’est « Alerte info » 🤷🏻♂️ https://t.co/CCnKqXcfw6