Selon l'investisseur milliardaire américain Ray Dalio, l’élément principal de son succès dans le domaine des investissements réside dans l’évaluation de l’état du marché et de la proximité du changement de paradigme. De son point de vue, c’est absolument crucial, écrit le site d'information Vestifinance.
Au cours d'un changement de paradigme, la plupart des gens adoptent des mesures trop populaires. Cela vaut notamment pour la crise financière de 2008-2009, qui a été le dernier grand changement de paradigme. Tout cela est arrivé à cause de la croissance instable de la dette, ce qui avait déjà été le cas pendant le changement de paradigme de 1929-1932. Comme ces périodes étaient étudiées et analysées, selon lui, il est devenu clair qu'on progressait vers «un nouveau changement».
«Il existe toujours des forces instables puissantes qui dirigent le paradigme, explique Ra y Dalio. Elles persistent assez longtemps pour que les gens croient que cela perdura toujours, bien que leur fin soit d’habitude évidente. Un exemple classique est le rythme de la croissance de la dette qui soutient les achats des actifs d’investissement. Cela augmente les prix des actifs, ce qui suggère aux gens que prêter et acheter ces actifs d’investissement est une bonne idée.
Pour Ray Dalio, cela ne peut pourtant pas durer indéfiniment, car les organisations qui empruntent et achètent ces actifs épuiseront leurs capacités d’emprunt. Quand cela arrive, on constate un changement de paradigme. On voit apparaître des problèmes dans le secteur des crédits, qui se soldent par la réduction de l’octroi des emprunts et des dépenses sur les marchandises, les services et les actifs d’investissement, estime-t-il. Et d'ajouter: «Tous ces indices baissent dans le cadre d’une tendance croissante qui contredit le paradigme précédent plus qu'elle ne le suit».
Conseils du milliardaire
Ray Dalio considère que la période actuelle est favorable pour se focaliser sur le paradigme d’aujourd’hui et sur ses changements potentiels, dont nous nous approchons probablement.
Il a étudié pendant des années le comportement des marchés et des économies des pays principales et a conclu que le changement de paradigme s’expliquait toujours par des raisons similaires.
«Bien que les changements de paradigme n’aient pas toujours précisément suivi les décennies, ils arrivaient en général tous les dix ans. Par exemple, les années 1920 ont été actives, les années 1930 ont été dépressives, les années 1970 ont été inflationnistes, les années 1980 ont été déflationnistes, etc. Qui plus est, je pense que les périodes de dix ans permettent d’analyser la situation en perspective. C’est une bonne coïncidence que nous vivions les derniers mois de cette décennie».
La théorie des investissements change évidemment. Même si une méthode fonctionnait bien depuis 10 ans, elle pourrait se solder par des pertes colossales au cours des années à venir. Il existe beaucoup d’exemples de ce genre, selon l'investisseur.
La pire option - surtout à la fin d’un paradigme - est de former son portefeuille sur la base de ce qui aurait bien fonctionné au cours de la décennie précédente. Paradoxalement, c’est un cas assez typique.
Précédent changement de paradigme
Le dernier changement de paradigme a eu lieu en 2008-2009, quand les primes de risque étaient extrêmement élevées, les taux d’intérêt frôlaient le 0 et les banques centrales avaient lancé un assouplissement quantitatif agressif. Les investisseurs utilisaient les fonds obtenus grâce à la vente de leurs actifs financiers aux banques centrales pour acquérir d’autres actifs financiers, ce qui augmentait le prix des actifs financiers et réduisait les primes de risques et la rentabilité attendue de tous les types d’actifs.
Cependant une politique monétaire et de crédit trop souple des banques centrales est un exemple de formation d’une croissance instable. Tout raffermissement se solde par des fluctuations des marchés financiers. Selon Dalio, cette forme d’assouplissement atteint ses limites parce que l’assouplissement quantitatif produit un effet diminutif sur l’économie et les marchés, car les fonds injectés se retrouvent de plus en plus souvent entre les mains des investisseurs qui achètent d’autres investissements, augmentent les prix des actifs et réduisent leur rentabilité future, nominale et réelle.
A quoi s'attendre
Le milliardaire estime que la monétisation de la dette et la dévaluation des devises s’accentueront, ce qui réduira la valeur de l’argent.
«Bien que je ne sois pas en mesure d’indiquer précisément la date et la nature du changement de paradigme, je vais vous présenter mes réflexions. A mon avis, il est probable que, d’ici quelques années:
- les banques centrales épuiseront les méthodes d’encouragement des marchés et de l’économie;
- il existera des volumes énormes de dettes et d'obligations (les retraites et la santé publique)».
Il pense ainsi que le paradigme actuel prendra probablement fin quand:
- le taux d’intérêt réel sera si bas que les investisseurs détenteurs de la dette n’auront plus envie de la détenir et commenceront à s’orienter vers une meilleure option de leur point de vue;
- un grand besoin des fonds nécessaires pour financer les obligations favorisera une compression importante. Il est probable que les détenteurs de la dette obtiendront pendant cette période un rendement nominal et réel très bas voire négatif sur les devises, qui s’affaibliront.
Il est donc grand temps de se demander quels investissements fonctionneront dans ces circonstances, et quelle monnaie ou quels moyens d’épargne seront la meilleure option quand les banques centrales auront envie de dévaluer leurs devises. Ray Dalio assure que l’or sera le meilleur investissement.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.