Les médias syriens rapportent qu'avec le soutien du Pentagone, le groupe modéré Jaych Maghaweir Al-Thawrah vend des armes à pratiquement toutes les forces opposées au Président Bachar el-Assad. Ce groupe revend notamment des armes américaines aux terroristes de Daech* encore présents dans la province syrienne de Homs, indique le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
Cette situation n'a rien de nouveau: c'est justement grâce au soutien extérieur de l'opposition armée par les États-Unis et certains pays arabes que la guerre civile a commencé en Syrie en 2011. En 2015, Moscou a soutenu Damas, ce qui a permis de normaliser en partie la situation. Cependant, un tiers du territoire du pays reste occupé par la coalition menée par les États-Unis, et au nord de la zone de désescalade d'Idlib sévissent encore des groupes armés illégaux de terroristes, notamment Daech* et le Front al-Nosra*.
Zone de désescalade d'Idlib
Il est évident que le passage de la zone de désescalade d'Idlib sous le contrôle des autorités légitimes ne sera possible qu'en éliminant les groupes armés illégaux, alors que le retour des territoires situés à l'est de l'Euphrate nécessite une tout autre formule d'action, où les armes et les groupes armés d'opposition soutenus par les USA ne jouent qu'un rôle secondaire.
C'est pourquoi les procédures politiques que la communauté internationale tente de lancer en Syrie sont si importantes.
Les contacts qui ont eu lieu le 10 juillet à Dubaï entre l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie Geir Pedersen et le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem dans le cadre de la formation du Comité constitutionnel sont jugés positifs par certains médias arabes. Mais de tels pourparlers durent depuis plusieurs années et les nouveaux organes du pouvoir en Syrie n'ont toujours pas été constitués.
La même chose concerne le processus d'Astana initié il y a trois ans par Moscou et ses alliés dans le conflit syrien, l'Iran et la Turquie. Toutefois, contrairement aux mécanismes initiés par l'Onu, le dialogue dans le cadre d'Astana inclut des questions militaires - or c'est sur ces questions que des résultats réels sont attendus.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a réaffirmé mercredi dernier la position de Moscou: parallèlement au règlement des questions politiques en Syrie se poursuivra l'élimination des groupes armés illégaux.
Il a annoncé que «la priorité restait l'élimination totale de la présence terroriste sur le territoire du pays, dans la zone d'Idlib où se sont accumulés des dizaines de milliers de terroristes».
A la question de savoir si le Comité constitutionnel syrien serait créé rapidement, Mikhaïl Bogdanov a répondu: «Nous l'espérons.»
«A présent il existe des progrès concrets réels pour la création de la commission constitutionnelle, la détermination des modalités de son travail», explique-t-il. Il a précisé également que le sommet Russie-Turquie-Iran se tiendrait après la réunion internationale sur la Syrie au format d'Astana début août.
Opération turque
Il est peu probable que tous les groupes terroristes présents dans la zone de désescalade d'Idlib soient éliminés d'ici là, mais des progrès seront réalisés. Moscou, Damas et en partie Téhéran ont des objectifs communs en Syrie, liés au soutien d'el-Assad. Les objectifs d'Ankara sont légèrement différents. Sous l'étendard de la lutte contre Daech* et d'autres groupes radicaux, notamment kurdes, la Turquie se fixe des objectifs liés au maintien des territoires conquis et au soutien des unités et des groupes ethniques pro-turcs.
C'est pourquoi, en organisant des activités militaires dans la zone de désescalade d'Idlib, Moscou et Damas sont constamment confrontés à l'opposition turque. Et cette opposition va très certainement aller en se durcissant. Comme l'a rapporté récemment le média turc En Son Haber, Ankara continue de se préparer pour une vaste invasion dans le Nord de la Syrie.
«Environ 80.000 militaires y sont concentrés depuis quelques mois. C'est deux fois plus que le nombre de soldats qui avaient participé à l'opération de Chypre en 1974», indique le site.
Moscou et Téhéran - et Damas sous leur influence - réagissent pour l'instant avec retenue aux éventuels plans et actions militaires d'Ankara à proximité des frontières syriennes. Dans le même temps, la présence des USA sur le territoire syrien est fermement condamnée par Moscou et Damas. Le dernier communiqué en date des chefs d'état-major de coordination de la Russie et de la Syrie pour le retour des réfugiés a noté que «le maintien des territoires syriens sous le contrôle des États-Unis [faisait] durer le conflit dans le pays».
La coalition américaine en Syrie ne fait que se renforcer, et le Royaume-Uni comme la France se sont déjà dit prêts à y déployer des forces supplémentaires.
«Tant que les forces américaines et européennes hostiles envers el-Assad seront présentes en Syrie, il ne faudra pas s'attendre à un règlement rapide du conflit. Les Américains et leurs alliés soutiennent officieusement les groupes armés illégaux et les combattants modérés, et ce conflit devient permanent», estime le colonel Vladimir Popov, expert militaire.
*Organisation terroriste interdite en Russie
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.