C'est la deuxième fois en deux ans que l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani se rend aux États-Unis, après une première visite en avril 2018, indique le site d'information Gazeta.ru.
Le nouveau déplacement de l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani aux États-Unis a une grande importance pour les relations bilatérales car le Qatar fait partie des principaux acteurs du marché gazier, est un État du Golfe petit mais influent, et, selon l'ambassadeur américain dans ce pays William Grant, les relations entre les deux pays sont à un «niveau sans précédent».
Pourtant, il y a encore deux ans, les relations entre le Qatar et les États-Unis traversaient une profonde crise: en juin 2017, Donald Trump avait accusé le Qatar de «soutenir le terrorisme». Il avait même déclaré que Doha «aidait historiquement le terrorisme au plus haut niveau».
Ces déclarations intervenaient en plein blocus du Qatar par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte suite au refus exprimé par Doha, contrairement à d'autres alliés de Riyad dans le Golfe, de rompre ses relations avec l'Iran.
Partenaire de l'Iran
Les relations économiques relativement étroites entre le Qatar et l'Iran sont associées au gaz: les deux pays partagent le même gisement de gaz dans le golfe Persique, South Pars, dont les réserves s'élèvent à 215 milliards de barils de pétrole et à 14.000 milliards de mètres cubes de gaz (8% des réserves mondiales).
Par conséquent, le Qatar ne souhaite pas que l'Iran soit isolé, résume Iouri Barmine, expert du Conseil russe pour les affaires internationales.
Aujourd'hui que Washington et les pays du Golfe renforcent activement leur pression sur l'Iran, le Qatar est le seul État à maintenir des relations économiques avec Téhéran.
«La rencontre de Trump avec l'émir du Qatar est appelée à approfondir davantage les relations dans le contexte des événements géopolitiques autour de l'Iran, ainsi qu'au regard des points chauds dans cette région», a déclaré à Gazeta.ru Teodor Karassik, expert de Gulf State Analytics.
Le dossier iranien sera central lors de l'entretien entre Donald Trump et l'émir du Qatar, écrit The Washington Post. Dans une interview au quotidien à la veille de la visite de l'émir qatari, un haut fonctionnaire américain a laissé entendre que les États-Unis voudraient utiliser le Qatar pour transmettre un message à l'Iran:
«Je ne pense pas que ce sera un rôle de médiateur formel. Mais nous pourrions espérer qu'ils transmettront les messages et notifieront du sérieux des tentatives de désescalade et de la création d'une sorte de chemin vers le dialogue», a-t-il déclaré.
Les voisins arabes ont également conscience du rôle diplomatique du Qatar. Récemment, pour la première fois depuis le blocus, le Qatar a participé au sommet des États arabes à La Mecque. L'émirat était représenté par le chef du gouvernement Abdallah ben Nasser ben Khalifa Al Thani.
Base américaine au Qatar
Cependant, malgré le maintien du dialogue avec Téhéran, le Qatar se trouve dans une position difficile dans le contexte de la confrontation américano-iranienne.
Sur le territoire qatari se situe la base américaine d'Al Oudeid, qui pourrait être potentiellement utilisée dans une opération américaine contre l'Iran.
Récemment, le Pentagone y a projeté pour la première fois des chasseurs de 5e génération F-22 à cause de la tension avec l'Iran, comme l'avait rapporté le commandement de l'armée de l'air américaine.
«Cette base est considérée comme un élément clé de la stratégie de contention de l'Iran», déclare Iouri Barmine. De son côté, Teodor Karassik constate que la présence de cette base «fait du Qatar la cible numéro 1».
«Sauver l'accord»
Le 8 juillet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien Abbas Moussavi a déclaré que les pays signataires de l'accord nucléaire avaient seulement 60 jours pour «sauver l'accord».
Le ministère russe des Affaires étrangères iranien avait déjà averti que Téhéran réduirait ses engagements tous les 60 jours si les membres du Plan d'action global commun ne respectaient pas les accords conclus. A l'heure actuelle, le conseiller diplomatique d'Emmanuel Macron, Emmanuel Bonne, se trouve à Téhéran pour négocier avec les autorités iraniennes afin de les persuader de ne pas se retirer de l'accord.
Il n'est pas à exclure que le dialogue avec le Qatar, ayant de bonnes relations avec les USA, offre l'opportunité de trouver une position de compromis et d'empêcher le conflit. Dans le cas contraire, cela risque de déstabiliser tous les pays du Golfe, Qatar y compris.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.